La Grèce est passée du rang des pays développés à celui des pays émergents en deux temps trois mouvements. Pourtant, les Grecs ne lâchent rien, refusant la politique d'austérité mise en place par leur gouvernement. À suivre, l'état de (la) santé grecque, via le témoignage du Dr Emmanouel Kosadinas.
« Ils ont gardé le bébé en otage parce que la maman ne pouvait pas payer l’accouchement ! », une histoire vraie et même désormais banale, dans un pays où les hôpitaux ont été sommés de ne pas soigner les personnes dans l'incapacité de payer.
Comprendre 40 % de la population grecque qui est sans couverture sociale. 40 % c'est aussi le taux de chômeurs en Grêce, qui atteint même 60 % chez les jeunes. Coïncidence ? Non, puisque dès lors que vous êtes au chômage vous ne cotisez plus pour la santé.
Les acteurs du libéral ont eux aussi bien du mal à cotiser, au même titre que les entrepreneurs en faillite, les trop nombreux travailleurs au noir embauchés par des dirigeants eux aussi en grande difficulté, ainsi que chaque personne en situation irrégulière.
Ainsi, plus du tiers de la population grecque fait face à un choix impossible : se nourrir ou se soigner, à l'image d'une femme qui a renoncé à traiter son cancer du sein pour ne pas mettre sa famille en danger d'un point de vue financier.
« Certains chiffres montrent bien quel niveau catastrophique nous avons atteint : la mortalité infantile a augmenté de 30 %, tandis que l'espérance de vie a déjà diminué de 5 ans », alerte le Dr Emmanouel Kosadinas.
Contrainte de réduire ses dépenses de santé à seulement 6 % de son PIB, à l'instar du Portugal et de l'Irlande, la Grèce réalise des coupes budgétaires dans les campagnes d’assainissement et de désinsectisation, notamment, ce qui provoque le retour du paludisme. De même, la tuberculose est de retour, le Sida augmente, et le taux de suicide a triplé.
« On supprime des lits, on ferme des unités de soins, on fusionne des services, on irrigue moins le territoire, ce qui dans un pays semé de montagnes et d’îles laisse dans l’abandon des populations entières », ajoute le médecin grecque.
L'effort demandé à la Grèce, pour ne pas dire l'obligation imposée, à l'échelle de l'Hexagone, reviendrez à réduire de moitié les dépenses de santé.
L'objectif de réduction de dépenses de santé grecques pour les faire passer de 12,5 % du PIB en 2009 à 6 % du PIB en 2013 est atteint, mais à quel prix ? Car, dans le même temps, le chômage en Grèce est passé de 10 % à 40 %. Comme les banques qui ont appauvri le pays, n’hésitent pas à achever le malade.
Face à la crise, les Grecs s'organisent : « La voie des urnes n’a rien donné : le pouvoir en place ne représente au bout du compte que 15 % de la population ! Nous en sommes aujourd’hui à une autre étape : se multiplient dans le pays les initiatives de solidarité dans le domaine juridique, alimentaire, scolaire pour répondre à la casse des services publics. Ainsi, on ne compte pas moins de 30 dispensaires autogérés dans le pays. », rapporte le Dr Emmanouel Kosadinas.
Ces structures sont exclusivement gérées par des bénévoles pour qui elles représentent un acte de revendication. Les soins et la distribution de médicaments s'y organisent, de façon citoyenne et gratuite. Un acte solidaire et fédérateur.