Un rapport du ministère des Affaires Sociales et de la Santé a fuité alors qu'il n’aurait jamais dû être rendu public. Pourtant, l'information qu'il contient est capitale : un comité de spécialistes et de personnalité de la santé et de la recherche estime qu'il faudrait une réorganisation en profondeur du système de santé français. Un rapport qui n'a pas plu au gouvernement.
En février 2013, Jean-Marc Ayrault avait fondé ce comité des sages et lui avait donné une mission : trouver un cap pour la stratégie nationale de santé. Ce rapport Cordier, intitulé « Un projet global pour la stratégie nationale de la santé », rendu le 21 juin 2013 au ministère, n'a pas plu au gouvernement qui ne l'a pas rendu public. Mais il a toutefois fuité.
Une réforme en profondeur du système de santé français
Le comité, composé de six spécialistes guidés par Alain Cordier, ancien directeur général de l'AP-HP, estime, dans ce rapport de plus de 100 pages, que le système de santé français doit être réformé en profondeur.
Plus précisément, en introduction, les sages estiment que le système a été bâti « de façon empirique et par empilement » ce qui a conduit à une organisation qui s'est éloignée de son but central, le patient. C'est autour du malade que le système doit être reconstruit, en repartant quasiment de zéro. Et la question n'est pas seulement au niveau du confort de l'usager et du malade.
Pour les sages, cette réorganisation tournant autour du malade permettra de « réduire les dépenses inappropriées », le premier problème de l'Assurance maladie.
Un réorganisation pour enlever le bipartisme
Actuellement, le gouvernement a lancé un pilotage national du système de santé qui est géré par deux instances : L'Etat s'occupe de la prévention, de la sécurité sanitaire et des hôpitaux, l'Assurance maladie est affectée aux soins en ville et aux questions financières comme les remboursements et les indemnisations du travail.
De fait, pour les experts qui ont rédigé ce rapport, il y a là un problème fondamental de coordination qui conduit à des problèmes financiers tels qu'on les connaît aujourd'hui, le célèbre « trou de la sécu ». Leur conseil est alors de renforcer le rôle de l'Etat qui centraliserait l'ensemble des fonctions, l'Assurance maladie n'ayant alors qu'un rôle de gestion des données.
Mot d'ordre : coordination
Ce rapport estime que la coordination entre la ville et les hôpitaux doit être renforcée. Transfert et partage de données entre professionnels sont au centre de la problématique des dépenses superflues, comme des examens dont on a perdu les résultats ou qui sont exécutés plusieurs fois alors qu'ils sont totalement inutiles.
Mais au sein même des structures, la coordination doit être renforcée. Le comité estime nécessaire la création d'équipes de soins de santé primaires car les médecins libéraux commencent à ne plus être adaptés pour prendre en charge les malades chroniques.
Mais la rémunération de ces équipes doit suivre. Le gouvernement devrait inciter financièrement les équipes de soin tout en favorisant et généralisant le tiers payant chez les médecins traitants et ce dès le 1er janvier 2014.
La formation aussi doit être réorganisée
Au niveau des futurs médecins se joue l'avenir de la santé des Français mais aussi de la santé financière de l'Assurance maladie. C'est donc là aussi qu'il faut intervenir afin que dans le futur les médecins soient plus préparés, notamment en croisant les disciplines au sein des facultés.
Un rapprochement qui est déjà en cours, comme entre les facultés de maïeutique, médecine, odontologie et pharmacie, mais qui oit être incité et amélioré. Un stage en pleine autonomie en ambulatoire est d'ailleurs fortement conseillé par les membres du comité des sages.
la coordination est en effet le concept pivot de tout le système de santé. De nouvelles compétences émergent grâce aux masters en sciences cliniques infirmières. Une cinquantaine de diplômés en France actuellement qui souhaitent prouver la plus-value apportée par la transversalité de la prise en charge. Seulement il reste à leur accorder un statut et un référentiel de compétences…Le rapport Cordier montre bien toute cette nécessité de lien entre les différents secteurs.