Le scénario est séduisant. Imaginez, le fort de Vaujours, ancienne propriété du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), suspecté par un caravansérail d'associations écologistes de recéler un taux de radioactivité supérieur à la normal. Il n'en fallait pas d'avantage pour ouvrir la boîte de Pandore, et empêcher notamment l'exploitation du site par son nouvel occupant, Placoplatre, qui compte y ouvrir une carrière de gypse – avec les retombées qu'on imagine pour l'économie de la région. Pourtant, à ce jour, rien ne prouve que le site soit l'objet d'une contamination nucléaire supérieure à la normale. Tout indique au contraire qu'il est clean.
Utilisé comme dépôt de munitions par la Wehrmacht de 1940 à 1944, avant d'être repris après la débâcle allemande par la Poudrerie nationale de Sevran qui en fera son site d'essais pyrotechniques, puis de passer, de 1955 à 1997, entre les mains de la Direction des applications militaires du CEA, le site du fort de Vaujours a un lourd passé militaire derrière lui. Assez pour inquiéter les riverains, qui se demandent à juste titre si l'on ne risque pas de mettre le pied sur un engin explosif au détour d'une tourelle ou, pire peut-être parce que plus insidieux, de contracter un cancer en fourrageant innocemment dans les cheveux de sa mie, allongée dans les herbes folles du parc qui entoure les fortifications.
Dès le processus d'abandon du site par le CEA lancé, en 1998, la polémique enfle. Elle ne cessera jamais d'habiter les soubassements de l'ensemble des décisions concernant l'avenir du fort. Légèrement essoufflée, elle connaîtra un regain de popularité en 2010, lors du rachat du site par Placoplatre, filiale du Groupe Saint-Gobain. Piloté par EELV, trop heureux de trouver là un combat taillé sur-mesure (pensez, la réhabilitation d'un ancien centre du CEA, si en plus la protestation peut nuire à l'emploi, n'en jetez plus, les Verts prennent), le mouvement prend de l'ampleur. Il se répand comme une trainée de poudre parmi le tissu associatif local. Et vient d'atteindre son climax, avec la réclamation d'un certain nombre d'élus verts franciliens d'un moratoire sur le projet de Placoplatre.
Un site au passif sulfureux, des associations et élus alarmistes, des pétitions lancées contenant des graphiques édifiants sur la mortalité due à des tumeurs malignes dans la région, des manifestations qui gonflent, gonflent… Autant de motifs qui préfigurent d'ordinaire un désastre sanitaire imminent. Et pourtant…
Et pourtant, dès 2001, un groupe d'études (DDASS 77 et 93, DRTEFP, CEA et InVS) réalise une enquête. Elle porte sur l'ensemble des travailleurs employés au moins un an sur le site du fort de Vaujours entre 1955 et 1995, soit 2473 personnes. Elle montre "une sous-mortalité toutes causes et par tumeur pour les hommes, et un taux de décès par cancer pour les femmes comparable aux données de la population générale". Mais aussi que "les analyses réalisées pour caractériser la contamination résiduelle placent l'exposition actuelle des riverains à un niveau extrêmement faible, non décelable". Cela vaut pour les habitants des deux communes sur lesquelles le fort est à cheval : Vaujours et Courtry.
Rebelote en 2011. Se pliant sans rechigner aux servitudes d'utilité publique instaurées par un arrêté inter-préfectoral en 2005, à l'usage du futur repreneur, Placoplatre sollicite l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), qui supervise des contrôles radiologiques. Sondages et carottages "concluent à l'absence de risque d'exposition des personnels". Concernant les graphiques dévoilés par pétitions, montrant une surmortalité due à des cancers de la thyroïde, l'IRSN ajoute qu'il "n'existe pas de justification radiobiologique à un lien entre une telle exposition et des affections de la glande thyroïde." Autrement dit, même si le site était plus radioactif que la normale, ce que les études infirment, on n'aurait pas là de justification à une éventuelle recrudescence des cas de cancers de la thyroïde.
Par la voix de Claude Evin, DG de l'ARS d'Ile-de-France, s'exprimant dans le cadre d'une lettre adressée à Jean-Jacques Marion, Président de la Communauté d'Agglomération Marne-et-Chantereine, mais qui ne devrait pas manquer d'être lue par un public plus large comprenant notamment Dominique Bailly, maire de Vaujours, l'ARS revient d'ailleurs sur ces graphiques, qui entretiennent la psychose depuis des mois. Son verdict est sans appel : "Il convient de noter que ces chiffres sont sortis de leur contexte, et font l'objet d'une interprétation erronée dans le cadre de la pétition en question." Avant d'ajouter qu'ils "ne tiennent pas compte de la structure d'âge des populations comparées" et constituent donc des "non-sens sur les plans scientifique et statistique". Limpide.
Les craintes exprimées par les riverains, les élus et les associations sont légitimes. On s'inquiéterait à moins. Reste que la pétition de principe à laquelle souscrivent tous ces acteurs locaux, qui veut, en dépit du bon sens et de la science, que le site soit nécessairement contaminé, confine ici à l'absurde. Difficile, décidement, d'ôter le costume de Don Quichotte à ceux qui s'en sont parés.
Cet article est totalement navrant par sa superficialité. Il s”agit d”un dossier beaucoup plus complexe qui nécessite, si l”on veut écrire sérieusement sur le sujet, de lire un certain nombre de documents puis de dégager clairement les enjeux et les problématiques. Cet article est clairement orienté en ne prenant en compte que les éléments favorables (et pas toujours étayés !) qui indiqueraient que “tout est clean” mais bien d”autres questions se posent et bien d”autres éléments sont à prendre en compte. D”autre part il cible clairement EELV comme quelques autres articles qui ont été publiés, comme par hasard, au même moment sur internet… Bizarre non ?