D’un point de vue purement statistique, d’après les chiffres de Mission, un enfant sur 800 devrait être atteint de la trisomie 21. Sachant qu’environ 800 000 bébés naissent chaque année, le calcul est vite fait. 1000 bébés par an devraient donc être porteur du Syndrome de Down, ou trisomie 21. Seulement, 96% sont avortés. Comment expliquer ce chiffre qui rappelle les heures sombres de l’histoire européenne ?
Un eugénisme de fait…
Les chiffres sont sans appel et la réalité, accablante. En France, 96% des enfants trisomiques sont avortés dans le ventre de leur mère et ce jusqu’à la veille de l’accouchement. En dépit du travail acharné de la Fondation Lejeune pour la défense de la vie, c’est un phénomène de grande ampleur. Les raisons de cet eugénisme -n’ayons pas peur des mots- sont multiples, de la peur des parents à leur croyance infondée que la vie de leur enfant sera malheureuse (99% des personnes trisomiques se déclarent heureuses de leur vie).
Si nous avons atteint de tels chiffres, c’est également parce que l’Etat en a décidé ainsi. En effet, l’avortement est remboursé à 100% ce qui facilite la chose, et le dépistage prénatal est effectué lors de la quasi-totalité des grossesses. Mieux encore, les progrès technologiques permettront bientôt à ce dépistage de déceler avec certitude si l’enfant est porteur ou non de la maladie. En d’autres termes, tous les enfants trisomiques seront détectés, aucun ne passera au travers des mailles du dépistage. Nous sommes à 96%, nous serons à 99%, le dernier pourcent correspondant aux dernières familles catholiques traditionnelles.
Comment a-t-on pu en arriver la ? Un simple calcul économique a suffit aux instances dirigeantes pour décréter l’inutilité des trisomiques. Rappelons que la politique de santé publique à l’égard de la trisomie a été élaborée à partir des coûts de dépistage du diagnostic prénatal rapportés aux coûts de la prise en charge des personnes trisomiques tout au long de leur vie. Pour quel résultat ? « Le poids de leur élimination est moins lourd à supporter socialement que le poids de leur existence ». Depuis 1999, l’Etat dépense donc 100 millions d’euros par an en dépistage mais ne lance aucune politique publique de recherche d’un traitement, et cela par principe d’humanité.
…Rappelant les heures sombres de l’histoire européenne
Pour qu’il n’y ait pas d’équivoques, rappelons d’abord que le terme d’eugénisme renvoie aux méthodes et pratiques visant à intervenir sur le patrimoine génétique d’une population afin de le faire tendre vers un idéal déterminé, cela pouvant être décidé par un Etat. Les dernières illustrations d’un eugénisme à grande échelle ne sont pas si vieilles, et la plus connue est l’Aktion T4, la campagne systématique d’assassinat par le régime nazi des handicapés mentaux ou physiques. Mis en place dès 1940, donc avant la solution finale, cette campagne a fait 200 à 250 000 morts avec pour objectif d’épurer la race.
Les parallèles avec notre époque actuelle sont troublants. L’élimination des trisomiques est même encore plus efficace aujourd’hui que ce qu’elle a pu être par le passé. Mais à quelle logique correspond cet eugénisme autant programmé que généralisé ? Au nom de quoi peut-on décider qu’un enfant trisomique est mieux mort que vivant ? Simple rentabilité économique ? L’enfant serait un poids trop lourd pour les parents ? L’élimination consécutive s’inscrit dans une logique génocidaire indéfendable. Doucement mais surement, nous pénétrons dans le meilleur des mondes d’Aldous Huxley dont le transhumanisme américain est le meilleur exemple.