La cour administrative d’appel de Paris vient de confirmer la responsabilité de l’État dans l’affaire du Médiator®.
L’État responsable de ne pas avoir retiré du marché le Médiator®
Lors d’un premier jugement, le tribunal administratif de Paris avait conclu : « L’État responsable des fautes commises par l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé pour ne pas avoir suspendu ou retiré à compter de 1999 l’autorisation de mise sur le marché du Médiator®, dès lors que les dangers du benfluorex, substance active du Médiator® étaient alors suffisamment caractérisés».
L’État a alors fait appel, mais la cour administrative d’appel de Paris vient de confirmer ce jugement. Ainsi, il reproché à l’État de ne pas avoir retiré du marché le médicament Médiator® malgré sa connaissance du danger potentiel pour les patients l’utilisant. À compter de juillet 1999, l’État disposait, en effet, des éléments nécessaires pour prendre la décision de retrait du marché du Médiator®. Pourtant, la suspension du médicament ne sera effective que 10 ans après, en novembre 2009 !
Un jugement rare contre l’État
Cette décision de justice est un fait rare. En effet, l’État n’a été condamné que deux fois suite à des scandales sanitaires, lors de l’affaire du sang contaminé et lors de l’affaire du Médiator®.
Cette condamnation fait suite à de nombreuses requêtes et études qui, au fil des ans, ont amené plusieurs spécialistes du domaine, médecins et revues spécialisées à tirer la sonnette d’alarme, sans succès, auprès de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé pour retirer du marché le médicament incriminé.
Dès 1998, la Suisse interdisait la vente du Médiator® sur son territoire tout comme l’Espagne à partir de 2003. De même en France, en 1999, la Haute Autorité de Santé indiquait dans un rapport que l’efficacité de ce médicament n’était pas prouvée.
Pourtant, le médicament a continué d’être vendu et remboursé. La question sur toutes les lèvres est alors de se demander pourquoi l’État n’a pas réagi avant. Lenteurs administratives pour les uns, intérêts économiques pour les autres, enfin, lobbying de la part du Laboratoire Servier pour certains… Les raisons restent encore floues.
Le Médiator®, un médicament dangereux
Il est difficile de comptabiliser le nombre de victimes du Médiator®, mais on estime qu’il pourrait être responsable de 2 100 décès en France. Utilisé par 5 millions de personnes, ce médicament était prescrit dans le cadre de traitements visant à lutter contre l’excès des graisses dans le sang mais aussi pour aider les diabétiques victimes de surpoids et pour ses capacités en tant que coupe-faim.
Les dangers du Médiator® sont, quant à eux, liés à des problèmes cardiaques. En effet, il a été révélé que des patients souffraient de valvulopathie et d’hypertension artérielle pulmonaire suite à la prise du médicament. Ainsi, selon une étude publiée par Pharmacoepidem. Drug Safe, le Médiator® augmenterait par trois les risques de valvulopathie.
Aujourd’hui, la justice, en reconnaissant l’État coupable de ne pas avoir retiré assez tôt le Médiator® du marché, donne donc raison aux nombreuses études et aux alertes émises par le corps médical qui, pendant plus de 10 ans, a tenté de faire connaître au grand public et aux instances sanitaires les dangers de ce médicament.