Les députés ont voté cette semaine pour l’assouplissement de la loi Evin concernant la diffusion des informations sur l’alcool. Cette décision est loin de faire l’unanimité et crée un véritable débat.
Loi Evin : quels changements ?
La loi Evin a été votée le 10 janvier 1991 pour lutter contre l’alcool et le tabac. Elle avait pour objectif, par exemple, de limiter les publicités pour l’alcool ou d’interdire le fait de fumer dans les lieux collectifs comme les transports.
Cette semaine, les députés ont décidé d’assouplir cette loi en adoptant un amendement qui apporte certains changements afin de favoriser la filière du vin en France. Il s’agit, en fait, de faire la différence entre la publicité et le contenu journalistique.
Auparavant, seule la publicité par le biais d’affiches, d’annonces presse ou de spots radio était autorisée. Les informations relatives à la production du vin, à une région viticole, à un patrimoine culturel… à la télévision, au cinéma, dans la presse ou à la radio pouvaient être considérées comme contrevenant à la loi Evin. Aujourd’hui, suite à ce nouveau vote, ce n’est plus le cas.
Loi Evin : de nombreuses controverses
Dès l’annonce de ce vote, de nombreuses associations de prévention à l’alcool ont réagi. Les débats concernent surtout la possibilité de faire, aujourd’hui, de la publicité pour l’alcool, d’une manière détournée, à la télévision ou au cinéma.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a également montré son désaccord lors des discussions à l’assemblée en expliquant : « […]il existe un lien direct entre l’augmentation des dépenses pour la promotion de l’alcool par la publicité et celle de la consommation, notamment chez les jeunes. Mesdames et messieurs les députés, ne nous voilons pas la face : si la publicité n’avait pas d’impact, nul ne chercherait à en faire ».
Loi Evin : quels dangers pour la santé publique ?
On le sait, en France, l’alcoolisme est un vrai problème de santé publique. Ainsi, l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (A.N.P.A.A) indique qu’entre 23 000 et 45 000 décès par an sont liés à l’alcool.
Les problèmes d’alcoolisme ne touchent pas seulement les adultes mais aussi les jeunes, puisque seuls 7 % des 18-75 ans n’ont jamais bu d’alcool. Chez les jeunes, particulièrement sensibles aux actions marketing et à la publicité, des phénomènes comme le binge drinking (état d’hyperalcoolisation) inquiètent également fortement les professionnels.
Assouplir la loi Evin est donc probablement une bonne nouvelle pour les alcooliers, mais reste, selon le milieu associatif et de la santé, une décision dangereuse pouvant entraîner des conséquences désastreuses sur la consommation d’alcool en France, déjà trop importante aujourd’hui.