Désengorger les urgences est devenu une priorité. Marisol Touraine a lancé un programme national de gestion auprès de 150 établissements de santé, le 30 avril.
Aller aux urgences est devenu un long calvaire. Des heures d'attente interminable, des patients dans des brancards au milieu du couloir, faute de place dans une chambre, des médecins débordés, un personnel soignant et des patients excédés : voilà le lot quotidien des hôpitaux. L'urgence : en changer.
Dans ce cadre, la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé a lancé une campagne nationale d'amélioration de la gestion des lits. Les objectifs sont de réduire les délais d'admission des patients dans les services, le nombre de lits inoccupés, les transferts vers d’autres hôpitaux mais aussi de réduire le temps passé par le personnel de santé des urgences à chercher des lits pour hospitaliser les patients ainsi que le report des interventions programmées.
Ces mesures visent 150 établissements et seront pilotées par less agences régionales de santé et l'agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux.
L'un des premiers outils mis en place par la ministre de la santé sont les gestionnaires de lits d'aval. Ce poste consiste à trouver des services qui vont accueillir les malades des urgences. L'avantage est que les urgentistes et les infirmiers n'ont plus besoin de quitter leurs fonctions principales pour chercher eux-même les places pour les patients.
L'hôpital Saint-Joseph connait déjà de bons résultats grâce à cette méthode, notamment une amélioration du flux des patients.
Quelle efficacité pour ce programme ?
Les solutions proposées par Marisol Touraine divisent les professionnels de santé. Si leur efficacité n'est pas niée, le problème principal est simplement contourné : c'est un problème de fonds.
Ainsi, le manque de moyens explique le manque de lits. Et en cas de grande affluence, qu'il y ai ou non des gestionnaires de lits n'empêchera pas le manque de place ; "les gestionnaires des lits en aval seront confrontés à une problématique insoluble", a déclaré Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF).
De plus, le problème de la qualification de ces gestionnaires de lits se pose également. Dans un message sur le blog de la ministre de la Santé, une infirmière urgentiste exprime des réserves. Comment ces personnes feront pour savoir quel sera le service le mieux adapté aux patients ? Que faire une fois qu'il n'y aura plus le moindre lit de disponible ?
La ministre ne répond pas à cette interrogation, mais a déclaré que le programme commencera très rapidement et sa mise en place devra être achevée dans 18 mois au plus tard.
Quant aux coûts du programme, la ministre a estimé que celui-ci allait "être maîtrisé: il sera variable selon les établissements et surtout, nous pensons que puisqu'il y aura une meilleure organisation de l'ensemble de l'hôpital, les économies qui seront faites d'un côté permettront de financer les investissements nécessaires".