Un syndicat de thanatopracteurs s’insurge contre un décret récent. Celui-ci vise à retirer le VIH de la liste des maladies empêchant l’accès à des soins funéraires de conservation. Les associations de lutte contre le Sida répondent et soulignent leur mécontentement.
Un nouveau décret qui divise
Le décret concernant le retrait du VIH de la liste des maladies empêchant l’accès à des soins funéraires de conservation fait polémique. En effet, il divise les associations de défense des malades du sida et certains thanatopracteurs représentés par leur syndicat.
Ce décret doit permettre aux personnes décédées et touchées par le VIH de recevoir les mêmes soins funéraires que n’importe quelle autre personne. Son application doit débuter au 1er janvier 2018.
L’avis des thanatopracteurs…
Le syndicat professionnel des thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS) vient de faire savoir qu’il comptait s’opposer à ce décret par des voies légales. En cause, les dangers qui guettent les thanatopracteurs qui engageraient des soins invasifs sur des personnes décédées et porteuses du virus du sida. Pour fédérer les thanatopracteurs autour de leur projet, une pétition a, d’ailleurs, été lancée par le syndicat.
Cédric Ivanes, président fondateur du SPTIS, souligne à ce propos : « Les soins de conservation sont un procédé invasif, où le risque de piqûre ou coupure est réel, malgré le port des équipements de protection individuelle recommandés ».
Il indique également que les thanatopracteurs acceptent de : « pratiquer des toilettes mortuaires, un acte qui est identique au soin, à l’exception des actes invasifs de conservation (sutures et incisions) et qui permet de se recueillir dans les mêmes circonstances auprès du défunt ».
La lettre ouverte des associations de lutte contre le sida
Face à cette pétition et à cette réaction du SPTIS, vingt associations de lutte contre le sida ont décidé d’écrire une lettre ouverte à l’attention de Cédric Ivanes et du grand public. Pour elles, le nouveau décret permet de lutter contre une discrimination. L’ancienne interdiction de soins funéraires de conservation entraînait, d’ailleurs : « un sentiment de fausse sécurité pour les thanatopracteurs ».
Les associations s’insurgent, car, selon elles, la toilette mortuaire et les soins funéraires de conservation n’offrent pas le même résultat et ne peuvent être comparés. On peut lire dans la lettre ouverte à ce propos : « Oser dire que les proches du défunt peuvent se recueillir dans les mêmes conditions est donc faux, et même outrancier au regard de l’expérience de nombreux proches depuis trente ans ».
Enfin, elles terminent en soulignant que la pétition mise en ligne par le SPTIS : « n’a pour objet que d’entretenir des représentations erronées et stigmatisantes sur les personnes vivant avec le VIH ou une hépatite virale ».