Par définition, le bio s'attache à garantir une production respectueuse de l'environnement. Pourtant, l'étiquette cache bien son jeu. Et si dans le bio, tout n'est pas si bon ?
On prend la même formule, on inscrit le label « bio », et on recommence. Des fermes immenses, du terrain gagné sur des forêts, de l'importation massive depuis le bout du monde… Les produits chimiques en moins, et encore. Un plus pour notre santé qui coûte plus qu'il n'y paraît à la planète.
La mode de l'agriculture biologique connaît un succès fulgurant depuis quinze ans. Selon l'Agence Bio, elle représente aujourd'hui 37,5 millions d'hectares dans le monde rapportant 45 milliards d'euros de chiffre d'affaires aux 1,5 millions de fermes bio.
Pas si éloigné de l'industrie agro-alimentaire conventionnelle
L'agriculture biologique se développe surtout en Amérique Latine (+26 %), en Asie (+10%) ou en Afrique (+6%). Des continents dont les pays en voie de développement ne consommant qu'une minuscule partie de leurs cultures, le reste étant dédié à l'exportation. En France, seules 3 % des terres sont consacrées au bio. Et nous exportons 60 % de produits bio.
De fait, le modèle économique reste le même que celui de l'industrie agro-alimentaire dominant : prendre des pays du Sud, les faire travailler pour un salaire de misère et les soumettre aux caprices de la consommation des pays du Nord. Ce qui conduit à une agriculture intensive de taille industrielle.
On s'enfonce un peu plus dans l'agriculture biologique industrielle lorsque l'on s'aperçoit que le cahier des charges des labels bios s'allègent un peu plus chaque année. Désormais, la réglementation européenne admet 0,9 % d'OGM dans un produit bio. L'utilisation de pesticides est même autorisée dans les cas où il n'y aurait pas d'équivalent.
Ce bio qui s'attaque à la planète
Pour assurer ces immenses monocultures et monoélevages, les fermes s'agrandissent. Par exemple, comme le souligne Philippe Basqué lors d'une interview pour Basta !, au Brésil, la culture du soja pour l'exportation se fait au détriment de forêts primaires fraîchement déboisées sur 10 000 hectares. Et cela n'est pas interdit par la moindre réglementation de l'agriculture biologique.
Quant au transport des produits « bio » jusqu'à nos rayons, il demeure tout aussi peu écologique que celui de l'industrie conventionnelle. Des avions, des camions par légions, et toujours autant d'émissions de gaz à effet de serre. Le pire étant pour les fruits et légumes hors-saison : d'après WWF, un fruit importé hors saison par avion est 10 à 20 fois plus consommateur de pétrole que le même fruit acheté localement et en saison.
Les plats préparés bios, pour la grande majorité, contiennent divers additifs, de l’huile de palme, trop de sel, voir même des OGM, etc. La finalité palpable de la mort de l'idéal bio.