C’est la triste conclusion d’une étude réalisée dans plus de 22 pays africains. Le manque d’infrastructures et de dispositifs informationnels démultiplie le risque de complication lors de l’accouchement dans bon nombre de pays africains. Certaines personnalités du continent, comme Dominique Nouvian Ouattara, montent au front pour dénoncer cette situation et tenter de mettre sur pied des solutions.
Les inégalités mondiales en matière de santé persistent, et les femmes demeurent particulièrement concernées. Selon une étude publiée le 15 mars dernier dans la revue médicale The Lancet Global Health, le taux de mortalité maternelle suite à une césarienne est 50 fois plus important en Afrique que dans les pays à revenus élevés. Comme dans la plupart des pays développés, ce taux est en effet de 0,1 pour 1000 au Royaume-Uni. Il atteint en revanche 5,43 pour 1000 dans plus de la moitié des pays africains.
Les raisons de ce phénomène sont multiples. La plupart des césariennes (78,2 %) ayant eu lieu pendant la période étudiée ont été réalisées en urgence. Il s’agissait ainsi de femmes arrivées au bloc opératoire avec un risque préopératoire élevé et présentant des complications susceptibles de causer la mort, notamment des pré-éclampsies et des éclampsies, des placentas prævia, des ruptures utérines et des hémorragies antepartum. Or, en permettant un accès précoce à la césarienne, les risques associés aux interventions en urgence seraient considérablement réduits affirme l’étude.
Le manque de personnel est également souligné par les chercheurs. « En moyenne, il y a 0,7 spécialiste pour 100 000 habitants sur le continent africain », précise le texte tout en insistant sur la nécessité d’« améliorer l’accès à la chirurgie (et la sécurité de cette procédure) ».
La mise en place de stratégies d’aide aux mères par le biais d’internet et d’applications mobiles est une autre piste proposée par les auteurs de l’étude afin de mieux renseigner les femmes africaines et anticiper une éventuelle césarienne.
En Côte d’Ivoire, mobilisation de Dominique Nouvian Ouattara
Les questions liées à la sensibilisation, l’accompagnement et la prise en charge des femmes sont d’autant plus importantes que 80 % des décès liés à la grossesse ou à l’accouchement en Afrique subsaharienne peuvent être évités, selon l’ONG ivoirienne « Agir pour l’égalité, l’équité et le développement durable » (AGEEDD).
Or, en Côte d’Ivoire justement, seules 43,9 % des femmes enceintes effectuent au moins trois consultations prénatales. C’est peu, lorsqu’on sait que les principales causes de la mortalité maternelle et infantile (le paludisme, les infections pulmonaires, la diarrhée, la malnutrition chronique…) peuvent être évitées si ces consultations sont effectuées, précise le Dr Angeline Amani, présidente de l’AGEEDD.
Mais en Côte d’Ivoire justement, le sujet est devenu l’un des combats de la Première Dame, Dominique Nouvian Ouattara. Ouvert au public en mars 2018, l’Hôpital mère-enfant de Bingerville, dans la banlieue d’Abidjan, a ainsi pour objectif principal de « contribuer à la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelles, néonatales, infantiles et juvéniles ». Construit grâce à des fonds récoltés par la fondation de la Première Dame Children of Africa, l’hôpital de 130 lits réalise une moyenne de 300 consultations par jour. Au 31 décembre 2018, soit moins d’un an après son ouverture, il avait enregistré 375 accouchements. Près de 800 demandeurs et 600 usagers avaient en outre bénéficié d’une assistance sociale.
Une dimension médicale et sociale
Présidente et fondatrice de Children of Africa, Dominique Nouvian Ouattara l’avait d’ailleurs annoncé lors de l’inauguration : « L’Hôpital mère-enfant a été conçu et réalisé pour offrir des coûts raisonnables et accessibles à tous. Les mamans et les enfants y seront soignés et bénéficieront d’une attention particulière, quel que soit leur statut social ». Une dimension médicale et sociale claire, destinée à l’ensemble des Ivoiriennes.
Très impliquée dans la défense des femmes et des enfants, Dominique Nouvian Ouattara se bat d’ailleurs en compagnie d’autres Premières Dames de la région pour une meilleure prise en compte des problèmes de santé spécifiques aux femmes africaines, notamment la mortalité liée à la grossesse, la prévalence du VIH/sida, les violences conjugales ou encore l’excision.
Un volontarisme politique qui démontre qu’en matière de santé publique, d’importants progrès pourront être enregistrés à condition de bâtir les infrastructures nécessaires et de mettre sur pied des dispositifs de communication et d’information efficaces.