On pourrait croire que des sondes vaginales et rectales, utilisées afin de déceler des cancers du col de l’utérus ou de la prostate, seraient soumis au plus haut degré de désinfection. Mais non, ce n'est pas le cas. De fait, on estime que 7,5 % des sondes sont contaminées… Et réutilisées malgré tout.
L'échographie est devenue un examen courant, mais attention, il n'est pas toujours sans risque. Chaque année en France ce sont 4 millions d'échographies vaginales-rectales qui sont réalisées avec des sondes endocavitaires. Les échographies vaginales sont principalement réalisées auprès des femmes enceintes et servent aussi à détecter les signes d'un cancer du col de l'utérus. Les échographies rectales chez l'homme visent la détection du cancer de la prostate.
Dans un récent rapport sur la sécurité des patients, la députée européenne Michèle Rivasi dénonce la mauvaise désinfection des sondes, que ce soit en gynécologie, en radiologie ou en urologie. Elles pourraient provoquer infections nosocomiales et maladies contractées par les patients dans un centre hospitalier.
Les pays comme l'Amérique du Nord, l'Allemagne, l'Australie, l'Espagne, la Suisse, la Turquie, opérent une « Désinfection de Niveau Intermédiaire » (DNI). Il s'agit de plonger la sonde dans une solution désinfectante ou de l'exposer à des ultraviolets après chaque examen. Jusqu'en 2007, la France faisait de même. À cette date, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a autorisé les praticiens à ne plus pratiquer cette procédure de désinfection.
Les médecins français peuvent désormais recourir à une "Décontamination de Niveau Bas" (DNB). Moins chère et surtout plus rapide, le processus consiste à recouvrir la sonde d’une gaine de protection avant de l'introduire dans le corps du patient et la nettoyer après avec des lingettes désinfectantes.
Michèle Rivasi indique que "tous les jours des gens peuvent se faire contaminer sans le savoir". Car, avec une sonde insuffisamment désinfectée, ce sont 30.000 patients qui risquent de contracter une infection nosocomiale. Aujourd'hui, on estime que ces méthodes de désinfection à la va-vite ont fait 150 000 victimes en 5 ans.
Une meilleure désinfection des sondes endocavitaires permettrait d'éviter chaque année 60 cas de VIH, 1620 cas d'hépatite B, 230 cas d'hépatite C, 14.920 cas d'herpès, 12.000 infections au papillomavirus ou encore 4280 cas de chlamydia trachomatis (bactérie responsable de maladie sexuellement transmissible, à l'instar du papillomavirus).
La première sonnette d'alarme a été tirée en 2012 : l'hôpital de Laval informe que plus de 8 % de ses gaines de protection des sondes sont perforées. Puis, c'est une étude chinoise qui met en évidence l'inefficacité des mesures de désinfection adoptées par la France, avec 7,5 % des sondes contaminées par le papillomavirus (pouvant être responsable du cancer du col de l'utérus).
En janvier 2013, les Hospices civils de Lyon révèlent un niveau de contamination des sondes égal à 3,5 %. Le Dr Yahia Mekki, virologue aux Hospices civils de Lyon et auteur de l'étude, explique que le risque infectieux de l'examen échographique est lié au milieu concerné : « En endocavitaire, on appuie sur les parois, la température est de 37°C, cela facilite la porosité des gaines et la transmission des virus ».
« C'est un vrai sujet de santé publique », déclare la députée européenne. Avec ce rapport, elle espère que le Parlement européen s'étendra sur les pratiques dans tous les pays de l’Union européenne et s’assurera que la DNI est obligatoire dans chaque État membre.
Au Gouvernement en la personne du Premier Ministre et de la ministre de la Santé de prendre le problème à bras le corps pour éviter tout scandale sanitaire.