Le fléchissement du déficit de la sécu était bien parti. Depuis deux ans, l'écart se réduisait. Pourtant, la branche maladie va connaître une période de régression en 2013, et tomber dans le rouge à -7,9 milliards d'euros.
Le déficit général devrait atteindre les 14,3 milliards d'euros. Quoi qu'en réalité, il faudrait parler de 17 milliards, en ajoutant le fond de solidarité vieillesse finançant les pensions minimums. Le Gouvernement avait prévu un déficit de 11,4 milliards, soit 2,6 milliards de moins que la réalité.
Toutes les branches resteront dans le rouge. La branche maladie atteindra les -7,9 milliards d'euros, quant aux branches retraite et famille, elles cumuleront -6,7 milliards. Seule la branche des accidents du travail pourrait compter sur un excédent de 300 millions.
La faute au chômage
Les ressources de la sécurité sociale sont avant tout constituées de salaires. De fait, dès lors que l'on compte moins de salaires en France, les ressources s'épuisent. A l'heure où le chômage atteint des records (10,4 % au premier trimestre 2013, inégalé depuis 1998), autant dire que les caisses sont à sec. De plus, la décision de François Hollande restaurant le départ partiel à la retraite à 60 ans a créé une vague de départs haute de 410 millions d'euros.
Le gouvernement compte néanmoins poursuivre sur sa lancée et faire de nouveaux efforts pour boucher ce fameux trou de la sécu. A moins que ce ne soit aux Français déjà bien embourbés de les faire… Après tout, augmenter la cotisation des retraites, taxer un peu plus le tabac et effacer quasiment les exonérations de cotisation sur les heures supplémentaires ont offert un sursis de 6 milliards d'euros à la sécurité sociale. Pourquoi ne pas continuer leur serrer la ceinture ?
Les réformes à venir
Les dépenses devraient pouvoir être contenues. L'objectif national des dépenses d'assurance maladie a été fixé à +2,7 %. Des dépenses inférieures à cet objectif de 200 millions d'euros sont espérées.
Des réformes afin de solutionner le déficit de la branche retraite sont attendues à partir de la mi-juin. Les premières pistes ne présagent rien de bon : allongement de la durée de cotisation, alignement de la CSG des retraités sur celle des actifs ou encore le calcul de la retraite des fonctionnaires sur les dix meilleures années. Le bonus retraite de 10 % des parents de plus de trois enfants pourrait devenir imposable.
La réforme hospitalière est encore loin de sortir les établissements de la zone critique. La branche maladie reste donc au point mort. La baisse de la consommation de médicaments est bien engagée, mais ce n'est pas suffisant.
La réforme de la politique familiale doit permettre 1,1 milliards d'euros d'économies en 2014. Consistant à baisser le plafond du quotient familial de 2000 euros à 1500 euros par demi-part, elle doit concerner 1,3 million de ménages. Le gouvernement pourrait se voir obligé de revoir sa position, puisque les décisions actuelles ne permettront pas de rétablir l'équilibre d'ici 2016.