Alors que ce navire humanitaire géant effectuera dans quelques mois sa toute première mission à Dakar, le gouvernement sénégalais l’a récemment aidé à franchir le canal de Suez. Une coopération unique qui symbolise la politique sanitaire ambitieuse souhaitée par Macky Sall pour son pays et pour le continent, avec la construction d’hôpitaux et d’une usine de production de vaccins.
Début septembre, l’association humanitaire Mercy Ships annonçait que son plus récent navire-hôpital, le Global Mercy, avait réussi à franchir le canal de Suez et se dirigeait vers Malte avant de rejoindre Anvers, en Belgique. Une réussite pour le plus grand navire de ce genre au monde (174 mètres de long, près de 200 lits d’hôpitaux et 600 volontaires internationaux à bord) rendue possible grâce à l’appui politique et logistique fourni gracieusement par les gouvernements égyptien et sénégalais.
Une aide bienvenue au sujet de laquelle le président de Mercy Ships Belgique Bert van Dijk a exprimé son enthousiasme et sa reconnaissance en ces termes : « A l’initiative et sous la direction du président Macky Sall du Sénégal et avec la participation active de son ambassadeur à Bruxelles, le président et les autorités égyptiennes ont accepté de guider le Global Mercy à travers le Canal de Suez gratuitement et sans aucun frais pour l’organisation caritative. C’est un merveilleux exemple de collaboration unique entre deux chefs d’État pour soutenir Mercy Ships et contribuer à l’amélioration des soins de santé en Afrique. »
Le Président Macky Sall s’est lui aussi exprimé sur cette coopération : « J’ai vu et expérimenté de mes propres yeux que Mercy Ships est une organisation merveilleuse qui apporte espoir et soins à de nombreux pays africains. Nous accueillerons le Global Mercy à bras ouverts au printemps 2022 et lui apporterons tout notre soutien au début de sa première mission en Afrique. Nous sommes très reconnaissants du soutien indispensable de tant de personnes pour aider réellement mon pays et mon peuple. »
Active depuis 1978, Mercy Ships est une ONG qui déploie les plus grands navires-hôpitaux civils au monde. Sa mission est de renforcer les systèmes de santé en Afrique en proposant des interventions chirurgicales gratuites à leurs bords ; 93 % des 18,6 millions de morts dues chaque année à un manque d’accès à la chirurgie se situant en Afrique.
Une « révolution sanitaire et sociale » en marche au Sénégal
Comme l’a indiqué le Président du Sénégal Macky Sall, le service actif du Global Mercy débutera à Dakar au second trimestre 2022. Le choix de la capitale sénégalaise pour réaliser cette mission inaugurale est un symbole de la politique sanitaire ambitieuse menée par le pays depuis plusieurs années. Au pouvoir depuis 2012, le président Sall a promis au Sénégal une « révolution sanitaire et sociale » qui s’incarne concrètement dans la construction d’infrastructures majeures.
Ainsi, quatre hôpitaux ont été édifiés à Touba, Sédhiou, Kaffrine et Kédougou, pour un coût global de 97 milliards de francs CFA, soit 147,7 millions d’euros. « La réalisation de ces infrastructures constitue un espoir. Celui de faire du Sénégal un hub médical avec des hôpitaux dotés de plateaux techniques des plus modernes et des plus performants pour des soins de qualité », a déclaré Abdoulaye Diouf Sarr, le ministre sénégalais de la Santé et de l’Action sociale. Tous conçus par la société française Ellipse Projects avec le concours d’une centaine d’entreprises locales, ces hôpitaux sont d’ores et déjà opérationnels ou le seront d’ici la fin de l’année. L’hôpital de Kédougou, dans le sud-est du pays, fut le dernier inauguré, en mai dernier. Il dispose de 150 lits, regroupe une quinzaine de spécialités, et permet de réaliser et d’analyser des tests PCR. Ces derniers devaient jusqu’alors être envoyés à Touba ou à Dakar, deux villes situées à plusieurs centaines de kilomètres de Kédougou, comme le rappelait Santé Matin dans un article du 14 juillet dernier.
Face à l’épidémie de Covid-19, le Sénégal n’entend pas se contenter de soins et de dépistages : le 9 juillet dernier, celui-ci a annoncé la signature avec des institutions et des pays européens et avec les États-Unis d’un accord visant à financer l’installation sur son territoire d’une usine de production de vaccins contre le Covid-19. Celle-ci permettra aussi de produire d’autres types de vaccins contre des maladies endémiques et sera bâtie à Diamniadio. Cette ville située à 30 km de Dakar est au cœur d’un important projet d’aménagement du territoire de 2500 hectares, intitulé « la Plateforme du Millénaire » et accueillant de nouvelles activités industrielles et commerciales, ainsi qu’une université et des habitations modernes.
Bénéfique tant pour la santé des Sénégalais que pour l’indépendance industrielle du pays, ce projet le sera également pour toute l’Afrique : avec une production estimée de 25 millions de doses par mois d’ici fin 2022, l’usine de Djamniadio apportera un début de réponse à une situation problématique dans laquelle 99 % des vaccins administrés sur le continent actuellement sont importés. Pour le ministre sénégalais de l’Économie Amadou Hott, ce projet doit permettre de « jeter les bases de la souveraineté pharmaceutique et médicale du pays et de participer à la réalisation de celle du continent ». « Cet accord permettra d’améliorer l’accès à des vaccins à des prix abordables en Afrique et d’en faciliter la production pour faire face efficacement aux pandémies », s’est-il félicité lors de la signature de l’accord à Dakar en présence du président Macky Sall, comme le rapporte La Revue internationale dans un article du 11 août. « L’initiative soutiendra non seulement l’autonomie de l’Afrique pour la production de vaccins vitaux, mais constituera également une pierre angulaire de l’écosystème industriel émergent en matière de santé au Sénégal », a quant à lui souligné Thierry Breton, le commissaire européen en charge du Marché intérieur et qui dirige par ailleurs la Task Force de la Commission européenne sur le développement industriel de la production de vaccins.
Nul doute que ces infrastructures de qualité concourront également à améliorer la situation sur le front de l’emploi (les quatre nouveaux hôpitaux emploient à eux seuls un millier de Sénégalais), et participeront sur le long terme à soutenir la forte croissance sénégalaise, qui devrait dépasser 5 % cette année. Une croissance forte que le gouvernement de Macky Sall souhaite mettre au service du plus grand nombre : le Programme de résilience économique et sociale de mars 2020 doté de 1 000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros) a ainsi été mis en place afin d’aider les entreprises, mais aussi les populations fragiles à surmonter les crises sanitaire et économique liées au Covid-19.