Consommation de publicités et consommation de produits sucrés, salés et gras sont liées et ont une incidence directe sur le surpoids et l’obésité infantile. Des spécialistes alertent donc sur la dangerosité du marketing alimentaire ciblant spécifiquement les enfants.
Le marketing alimentaire toujours plus attrayant
Boissons, gâteaux, chips, pâtes à tartiner, snacks en tout genre… Aujourd’hui, les publicités pour la junk food ne s’adressent plus seulement aux adultes, mais aussi aux enfants. Ces derniers ont, en effet, un rôle à jouer lorsqu’il s’agit de remplir les placards. C’est ce qu’explique Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité nutrition et activité physique chez Santé publique France. Elle souligne que la publicité sur les produits gras, sucrés et salés : « augmente également les pressions des enfants exposés sur leurs parents, pour qu’ils en achètent ».
Le marketing alimentaire a bien compris ce rôle et abuse des astuces pour attirer les enfants. Les messages sont parfaitement ciblés pour inciter les enfants à vouloir consommer toujours plus ce type de produits. Des publicités colorées, des slogans cool, des mascottes amusantes, des musiques accrocheuses… toutes les recettes qui fonctionnent sont utilisées pour cibler un public jeune.
Et les résultats sont sans appel et montrent l’efficacité du système, car : « On sait qu’être exposé à la publicité pour des produits gras, sucrés, salés, crée des préférences et augmente la consommation de ce type de produits ». La publicité alimentaire devient donc un facteur aggravant les problèmes de surpoids et d’obésité infantile.
Les produits Nutri-Score D et E mis en avant pour cibler les enfants
Selon Santé publique France (SPF), la télévision est le média le plus regardé par les 4 à 12 ans. Internet est celui le plus consommé par les adolescents. Enfin, la tranche horaire entre 19 h et 22 h est la plus regardée par les enfants et les adolescents. C’est aussi celle où il y a le plus de publicités. C’est également dans ces heures que l’on peut voir une majorité de publicités pour des produits Nutri-Score D et E.
Ainsi, SPF précise : « En 2018, les publicités pour des produits Nutri-Score D et E représentent 53,3 % des publicités alimentaires vues par les enfants et 52,5 % des publicités vues par les adolescents ». Et ce n’est pas tout, car : « […]sur l’ensemble des publicités alimentaires télévisées pour des produits Nutri-Score D et E vues par les enfants et les adolescents, la moitié est diffusée entre 19 h et 22 h, alors que plus de 20 % des enfants et des adolescents sont devant la télévision. »
Mieux encadrer la publicité destinée aux enfants
Actuellement, la publicité est limitée sur les chaînes du service public au moment des programmes diffusés pour la jeunesse. Mais, en réalité, ils : «[…]représentent moins de 0,5 % des programmes vus par les enfants ». Cet encadrement a donc peu d’incidence, les diffuseurs connaissant très bien les habitudes télévisuelles des enfants et des adolescents.
Selon Anne-Juliette Serry : « Ces éléments plaident en faveur d’un encadrement du marketing alimentaire pour les produits de plus faible qualité nutritionnelle, non seulement à la télévision, aux heures où le plus grand nombre d’enfants et d’adolescents la regardent, mais aussi sur Internet dont l’usage augmente ». Une idée qui va dans le sens des propositions déjà formulées par la Cour des comptes. En effet, l’organisme souhaite aussi voir réguler les publicités concernant les produits salés, gras et sucrés à destination des enfants.