Une étude a permis de mettre en lumière les liens entre pollution de l’air et diminution des performances cognitives. Trois polluants différents ont pu être identifiés comme ayant une incidence sur les capacités cognitives des participants à l’étude.
61 000 participants à une étude de grande ampleur
Des scientifiques (Inserm, université de Rennes 1 et EHESP à l’Irset) ont analysé les rapports entre pollution et performances cognitives. Leur étude, publiée dans The Lancet Planetary Health, a démontré un lien entre diminution des performances cognitives et trois polluants de l’air.
Pour aboutir à cette conclusion, ils ont analysé les résultats de tests cognitifs de volontaires de la cohorte épidémiologique Constances. Ainsi, 61 000 personnes de plus de 45 ans ont participé à l’étude. Ils ont répondu à des tests mesurant la mémoire, la fluence verbale et les fonctions exécutives. Les chercheurs ont mis en place un score pour chaque test prenant en compte le genre, l’âge et le niveau d’études des participants.
En parallèle, les scientifiques ont mesuré les niveaux d’exposition des participants à trois polluants générés par le trafic routier. Il s’agit des particules fines de diamètre inférieur ou égal à 2,5 microns, du dioxyde d’azote et du carbone suie. Pour cela, ils ont utilisé des cartes estimant la concentration annuelle de polluants autour du domicile des volontaires.
Pollution de l’air et performances cognitives plus basses
Les scientifiques ont ainsi pu conclure à un lien entre concentration des polluants et baisse des performances cognitives. C’est ce que souligne d’ailleurs Bénédicte Jacquemin, chercheuse à l’IRSET et co-auteure de l’étude.
Elle explique : « En croisant les résultats des tests cognitifs avec le niveau d’exposition individuelle aux trois polluants atmosphériques déterminé par les cartes d’exposition, nous avons montré que l’exposition à de plus hautes concentrations de ces polluants est associée significativement à un plus bas niveau de performances pour les fonctions exécutives et la fluence verbale (la capacité à retrouver des mots en suivant une consigne). » Elle précise également : « Le dioxyde d’azote et les particules PM2,5 impactent davantage la fluence verbale, tandis que le carbone suie a un plus grand impact sur les fonctions exécutives. »
Il faut savoir que les participants les plus exposés ont des scores moins bons allant de 1 à 5 % par rapport aux volontaires moins exposés. La chercheuse ajoute à ce propos : « Les pourcentages peuvent paraître faibles. Au niveau individuel, ils le sont. Mais au niveau d’une population, l’impact est important, surtout si l’on considère que pratiquement tout le monde en France est exposé à des niveaux de pollution au-delà des valeurs guide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). »
Évolution des performances cognitives sur le long terme
Enfin, cette étude ne s’arrête pas là. En effet, les chercheurs et chercheuses souhaitent : « […] observer l’évolution dans le temps des fonctions cognitives de ces adultes, afin de voir si l’exposition à la pollution est aussi associée à une baisse du fonctionnement cognitif avec le temps. »
Ces résultats pourraient permettre de faire la relation entre pollution de l’air et démences dues à l’âge ou maladie d’Alzheimer.