Selon un rapport publié par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), les eaux européennes ne sont pas en bonne santé. Elles subissent la pollution, la surexploitation et le changement climatique. Ces fléaux menacent la pérennité des ressources en eau sur le vieux continent, ainsi que la santé des citoyens européens.
Dans un nouveau rapport publié le mardi 15 octobre sous l’intitulé Europe’s state of water 2024: the need for improved water resilience » (l’état de l’eau en Europe en 2024: nécessité d’une meilleure résilience de l’eau), l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) dresse l’état des lieux des eaux européennes. Principal enseignement : les eaux du continent sont en mauvais santé et confrontées à une série de défis sans précédent, qui menacent la sécurité hydrique ainsi que la santé des citoyens.
Pas de progrès significatif depuis 2009
Selon l’AEE, aucun progrès significatif n’a été réalisé depuis 2009 sur les ressources en eau de l’Europe (rivières, lacs, etc.). Aujourd’hui, 37% seulement des masses d’eau de surface sur le continent sont considérées comme en « bon » ou en « très bon » état écologique suivant les normes de pollution fixées par la directive-cadre sur l’eau de l’UE. Aussi, 29% seulement ont atteint un « bon » état chimique au cours de la période 2015-2021.
Les eaux souterraines se portent mieux que celles de surface
L’enquête précise que les eaux souterraines, qui fournissent près des deux tiers de notre eau potable, se portent mieux que les eaux de surface. En effet, 77% de ces ressources présentent un bon état chimique et 91% un bon état quantitatif sur le plan de l’approvisionnement. « Des problèmes subsistent néanmoins en matière de pollution par les pesticides et les nutriments », relativise l’AEE, qui rappelle que ces eaux souterraines sont aussi vitales pour l’environnement, l’agriculture et l’industrie, en plus d’être une source essentielle d’eau potable.
L’agriculture exerce la pression la plus forte
D’après le rapport, c’est l’agriculture qui exerce la pression la plus forte sur la qualité des eaux de surface et souterraines en Europe à cause de l’utilisation intensive de nutriments et de pesticides. La pollution diffuse due à cette activité touche 32 % des eaux souterraines et 29 % des eaux de surface. Le secteur agricole est aussi de loin le premier consommateur net d’eau en Europe du fait de l’irrigation. En matière de pression sur les cours d’eau, il rivalise avec les centrales au charbon.
Il est encore possible d’améliorer la résilience des eaux européennes
Au-delà des eaux, l’AEE rapporte une dégradation généralisée des habitats, mettant en danger les ressources en eau et leur gestion, ainsi que les écosystèmes aquatiques. L’organisme prévient qu’en l’absence d’une modification des pratiques, la situation pourrait s’empirer dans les prochaines années. Mais il croit qu’il est encore possible d’améliorer la résilience de l’eau en Europe par la réduction de la consommation et une utilisation rationnelle de cette ressource.
Comment sauver les eaux européennes ?
Aussi, l’AEE préconise d’éviter toute pollution, conformément aux objectifs du plan d’action « zéro pollution » de l’UE. À court terme, l’agence suggère de réduire l’usage de substances nocives et de nutriments, et de prévenir leurs rejets dans l’eau. Par ailleurs, elle recommande de miser sur la restauration de la nature, des zones humides et des tourbières, ainsi que sur la reconnexion des rivières et de leurs plaines inondables.
Le temps presse pour atteindre les objectifs de la directive-cadre sur l’eau
L’AEE pense que « ces mesures peuvent conduire à des écosystèmes d’eau douce plus sains et plus riches en biodiversité, capables de fournir une eau de bonne qualité », tout en permettant de stocker du carbone et d’atténuer l’impact des événements climatiques extrêmes. Et peut-être permettront-elles d’atteindre rapidement les objectifs de la directive-cadre sur l’eau de l’Union européenne. Celle-ci impose aux États-membres de parvenir à un bon état des eaux de surface et souterraines en 2027 au plus tard.