Dans une enquête publiée mardi, les ONG Bloom et Foodwatch dénoncent la contamination massive du thon en conserve dans l’Union européenne (UE). Dans plus d’une boîte sur deux, la teneur en mercure dépasserait la limite maximale établie pour d’autres espèces de poissons. En cause, une réglementation qui favorise les intérêts financiers de l’industrie thonière au détriment de la santé des consommateurs.
Le thon est le poisson le plus consommé dans l’Union européenne (UE), notamment dans l’Hexagone. Il est réputé sain, bon et peu cher. Les Français le plébiscitent pour les salades et les sandwichs. Ils en achètent près de cinq kilos par an, principalement sous forme de conserves. Les ventes annuelles s’élèvent à 40 milliards de dollars.
Plus d’une boîte de thon sur deux dépasse le seuil maximal autorisé de mercure
Mais une enquête publiée mardi 29 octobre par Bloom et Foodwatch pourrait pousser certains à s’en détourner. Selon ce rapport, le thon en conserve est largement contaminé au mercure. Plus d’une boîte sur deux dépasse le seuil maximal autorisé pour les produits de la mer (0,3 mg/kg). Certaines boîtes affichent même une teneur 13 fois plus élevée que la norme. Au cours de leur enquête, les ONG ont testé près de 150 boîtes de conserve sélectionnées de façon aléatoire dans cinq pays européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie).
Le mercure se disperse dans l’air et dans l’océan
Selon les résultats, 100 % des thons en conserves sont contaminés au mercure. Considéré par l’OMS comme l’une des dix substances chimiques les plus préoccupantes pour la santé publique mondiale, au même titre que l’amiante ou l’arsenic, ce métal lourd est présent dans des dépôts atmosphériques en provenance des centrales à charbon. Il se disperse dans l’air et dans l’océan, contaminant ainsi l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Les teneurs maximales en mercure du thon fixées en fonction des intérêts de l’industrie thonière
Parmi les espèces marines qui l’ingèrent le plus figure le thon, prédateur situé au sommet de la chaîne alimentaire dans les mers. A cause des proies qu’il avale, le thon accumule les métaux lourds. Il présente donc une contamination au mercure plus élevée que les autres. Etant le poisson le plus consommé dans l’Union européenne, cette espèce finit par conséquent dans l’organisme de la plupart des Européens. Bloom et Foodwatch notent que les teneurs maximales en mercure du thon aujourd’hui en vigueur dans l’UE ont été fixées en fonction du taux de contamination des thons constaté et non en fonction du danger que représente ce métal pour la santé humaine.
La contamination du thon engendre des problèmes de santé
En d’autres termes, les autorités publiques, sous la pression de puissants lobbys thoniers, ont sciemment choisi de privilégier les intérêts économiques de la pêche industrielle thonière au détriment de la santé de centaines de millions de consommateurs en Europe. Et cette décision n’est pas sans conséquences sur la santé des citoyens. En effet, l’accumulation du mercure sur le long terme provoque de nombreux problèmes neuronaux, cardio-vasculaires ou immunitaires. Elle représente aussi un grave danger pour le développement cérébral des fœtus et des jeunes enfants.
Un appel à la responsabilité des pouvoirs publics et des enseignes de la grande distribution
Afin de mettre un terme à ce scandale alimentaire et protéger la santé des consommateurs, BLOOM et Foodwatch lancent une mobilisation citoyenne visant à la fois les pouvoirs publics et les enseignes de la grande distribution. D’une part, les deux associations demandent aux pouvoirs publics de fixer et faire respecter la teneur maximale à 0,3 mg/kg, mais également de bannir les produits contenant du thon des cantines scolaires, crèches, maternités, maisons de retraite et hôpitaux. Par ailleurs, elles lancent une pétition internationale adressée à dix grands distributeurs du marché européen pour qu’ils prennent leurs responsabilités et protègent la santé des consommateurs.