Pour réaliser des économies dans la santé, le gouvernement Barnier prévoit de passer d’un à trois jours de carence, lors d’un arrêt maladie. Pour les syndicats, cette décision constitue une attaque sans précédent contre les droits à la santé des fonctionnaires. Ils appellent à la mobilisation et à la grève dès décembre.
Confronté à un déficit public sans précédent, le gouvernement français cherche désespérément à réaliser des économies pour redresser la barre. Pour se faire, il a présenté un projet de budget à l’Assemblée nationale prévoyant une baisse des dépenses publiques, y compris dans la santé. L’exécutif envisage ainsi de diminuer le plafond des indemnités journalières lors d’un arrêt maladie.
Guillaume Kasbarian tient à ses trois jours de carence
Le ministre de la Fonction publique veut abaisser de 100 % à 90 % l’indemnisation des congés maladie des fonctionnaires et instaurer trois jours de carence non payés, au lieu d’un actuellement. Guillaume Kasbarian a réitéré cette volonté lors d’une réunion avec les syndicats de fonctionnaires, le jeudi 7 novembre. Il justifie cette mesure par la nécessité de réduire le nombre de jours d’absence chez les fonctionnaires par rapport à ceux du privé.
Une comparaison inopportune entre salariés du public et du privé
Guillaume Kasbarian assure vouloir rétablir la justice sociale. Selon lui, les agents publics sont moins pénalisés financièrement que les salariés du privé, car ils ne pâtissent que d’un jour de carence contre trois jours pour les autres. Les syndicats de fonctionnaires répondent que cette comparaison n’a pas de sens. En effet, dans le privé, les trois jours de carence ne concernent en réalité qu’une minorité de personnes. Une grande partie des salariés, au moins 70%, maintiendraient à 100% leur rémunération dès le premier jour d’absence.
Les trois jours de carence, une attaque sans précédent contre les droits à la santé des fonctionnaires
Les enseignants étant particulièrement visés par les trois jours de carence, leurs syndicats montent au créneau. Ainsi, la CGT Educ’action 95 accuse le gouvernement de vouloir injecter « le poison de la division » et de « stigamtiser les fonctionnaires ». Elle s’insurge contre les nombreux chiffres brandis par l’exécutif, loin de la réalité car ne prenant pas en compte plusieurs facteurs. Parmi lesquels, « la dégradation extrême des conditions de travail, l’épuisement, la perte de sens et la maltraitance subie par les personnels ». Pour l’organisation, la réduction de l’indemnisation des congés maladie dans le public constitue « une attaque sans précédent contre les droits à la santé des fonctionnaires ».
Risque d’une hausse des dépenses publiques en santé avec le retour précipité des agents au travail
La CGT Educ’action 95 relève d’ailleurs que la décision du gouvernement risque de provoquer un plus grand désastre. Voulant coûte que coûte réduire les dépenses publiques en santé, l’Etat pourrait à l’inverse les augmenter à cause d’une chaîne de contamination. En effet, pour ne pas perdre une partie de leur salaire, de nombreux agents se rendront malades sur leur lieu de travail plutôt que de se faire soigner convenablement. Ils pourraient ainsi contaminer des collègues, des citoyens ou des élèves (dans le cas des enseignants).
Prévention des risques et amélioration des conditions de travail
Pour certains spécialistes de la santé, il aurait été plus judicieux d’adopter une approche non punitive, mais bienveillante. La lutte contre l’absentéisme au travail passe notamment par la prévention des risques, la promotion d’un travail soutenable et la facilitation du retour d’un salarié après une longue absence. Il faudra en somme améliorer les conditions et l’organisation de travail au bénéfice de tout le monde, malades et valides. Les syndicats de fonctionnaires ont déjà prévenu qu’ils ne se laisseront pas faire. La CGT et FO ont appelé à des mouvements de grèves, dès début décembre.