Environ 1 actif français sur 4 se dit confronté à la fatigue informationnelle, une nouvelle forme de pénibilité au travail liée à un important flux d’informations. Les messages intempestifs peuvent distraire le salarié et lui faire perdre du temps.
Tout travailleur de bureau a déjà été confronté à cette situation : un flux de messages qui inondent la boîte mail, sans forcément les lire. Ces emails viennent évidemment de l’entreprise, qui a besoin que le salarié soit toujours disponible et très réactif pour accomplir des tâches ou passer des consignes. Mais cela peut être très fatigant. C’est justement ce qu’indiquent les résultats d’une enquête menée par la Fondation Jean-Jaurès, avec l’Obsoco et Arte.
La fatigue informationnelle provoque stress, anxiété et même burnout
D’après ce baromètre, un salarié Français sur quatre est confronté dans son travail à la fatigue informationnelle, soit près de 7,5 millions de personnes. La fatigue informationnelle désigne une nouvelle forme de pénibilité au travail due à la surcharge cognitive provoquée par l’abondance d’informations. Ce phénomène est apparu avec la numérisation croissante des tâches dans les entreprises. Evidemment, il n’est pas sans conséquences. Entre baisse de motivation, désengagement, stress, anxiété et même burnout, l’employé pourrait jeter l’éponge au bout d’un moment.
D’après l’étude de la Fondation Jean-Jaurès, les salariés qui disposent d’une boîte mail professionnelle passent un septième de leur temps de travail chaque jour à répondre à des e-mails. En moyenne, ils en reçoivent 32 par jour, soit 160 par semaine. Les cadres bien plus (225 mails), ainsi que les chefs d’entreprise et les professions libérales (290 mails). Cette abondance de courriels semble d’autant inopportune que seule la moitié leur serait véritablement adressée. Pis, un quart des répondants considèrent que 20 % seulement de ces e-mails leur sont destinés.
Dilution de la frontière entre vie professionnelle et vie privée
Cette situation pourrait s’expliquer par la multiplication des messages envoyés « en copie » sur des adresses génériques, et donc reçus par l’ensemble des collaborateurs. Mais il n’y a pas que les courriels qui posent problème. Les notifications aussi génèrent de la fatigue informationnelle. Ces interruptions intempestives entraînent des difficultés de concentration chez un tiers des actifs interrogés. Ce qui peut provoquer des interruptions fréquentes de travail et un morcellement des tâches. Des attitudes qui réduisent évidemment les performances et impactent la productivité de l’entreprise.
Ressentant le sentiment d’urgence en permanence, les salariés consultent aussi les mails professionnels en dehors des horaires de travail. Mais il n’y a pas que l’entreprise qui épuise avec ses nombreux messages. La maison et les proches saturent également la boîte mail. Ainsi, 62 % des actifs reconnaissent répondre à des sollicitations personnelles depuis leur bureau. Cette situation a un effet pervers : elle dilue la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Par ailleurs – et cela peut surprendre même – les télétravailleurs ressentent une fatigue informationnelle, et cela davantage. Ils sont 38 % à la ressentir, contre 26 % pour la moyenne des salariés.
Comment réduire la fatigue informationnelle
Enfin, la fatigue informationnelle peut venir des réunions. En effet, une épidémie de « réunionites » continue de frapper les entreprises. En moyenne, les salariés participent à trois réunions par semaine, pour un total d’une heure et 6 minutes. C’est encore pire chez les cadres et les professions intellectuelles supérieures qui doivent passer 3 heures et 25 minutes chaque semaine dans ces rencontres. Un actif sur cinq estime trop élevés ces temps en réunion et pense qu’ils affectent le travail quotidien.
La solution pour réduire la fatigue informationnelle serait de désactiver les notifications. Mais 33% ne comptent jamais le faire en raison des cas d’urgence. Cependant 6% le font régulièrement, 11% de temps en temps et 14% rarement. Les salariés pourraient aussi mettre directement à la corbeille des mails de communication interne sans les lire. Sauf que 42% affirment qu’ils ne le feront jamais. Et qu’en est-il de la déconnexion pour mieux se concentrer ? Là encore 50% des sondés n’y pensent même pas et seulement 7% le font régulièrement.