Depuis plusieurs mois, les cabines de téléconsultation ferment à tour de bras en France. H4D, société pionnière dans le domaine a dû déclarer faillite l’année dernière. La faute à un durcissement de la réglementation concernant ces installations qui divisent le milieu médical.
La téléconsultation, ou consultation médicale à distance, a connu un boom pendant le Covid, quand les restrictions de circulation empêchaient de nombreux rendez-vous physiques chez le médecin. Cette explosion de la pratique a permis l’émergence de nombreuses entreprises spécialisées, qui ont installé des cabines de téléconsultation partout en France.
Le nombre de cabines de téléconsultation a fortement chuté
Après la crise sanitaire, on comptait plus de 5000 télécabines médicales sur le territoire français, la plupart du temps installées dans les déserts médicaux pour compenser la pénurie de médecins. Aujourd’hui, leur nombre a considérablement baissé faute de moyens financiers, mais également à cause du durcissement de la réglementation en France.
Les entreprises de télésanté gagnent moins désormais
Depuis janvier, par exemple, il est interdit de facturer un supplément, qui revenait auparavant au gestionnaire de la cabine. Aussi, les médecins en téléconsultation ne peuvent plus pratiquer des dépassements d’honoraires, fixés à 25 euros à distance. Évidemment, ces changements ont des répercussions sur les activités. Jean-Pascal Piermé, président du lobby des entreprises de télésanté, déplore que le secteur « gagne moins » désormais et qu’il soit fragilisé car « complètement obligé de s’adapter ».
Les cabines de téléconsultation indispensables dans les déserts médicaux
Les nouvelles restrictions ont poussé H4D, société pionnière dans ce domaine, a déclaré sa faillite. Ces derniers mois, elle a fermé à la chaîne ses cabines de téléconsultation en France, au grand dam des quelque 8 millions de Français vivant dans des déserts médicaux. Ses machines étaient installées dans les supermarchés ou les pharmacies. Elles permettaient d’obtenir rapidement un rendez-vous avec un médecin, là où il faut souvent attendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois avant d’être reçu en cabinet.
Les cabines de téléconsultation promeuvent « une médecine fast-food »
Si les patients plébiscitent largement les télécabines médicales, certains praticiens sont critiques envers cette solution. Ils y voient une « médecine fast-food » sur fond de gros sous. Pour ces médecins, on ne peut pas donner un bon diagnostic en distanciel. « Le métier du médecin, c’est de voir, de parler et de toucher son patient », estime Xavier Cressens, président de l’ordre des médecins en Savoie.
Méfiance de l’Ordre des médecins
Le professionnel, qui doute de la bonne utilisation des instruments connectés. rappelle d’ailleurs que « l’Ordre n’est pas du tout favorable à la consultation sans examen clinique ». Mickaël Golosetti, président du syndicat des médecins généralistes (MG) de Savoie partage cet avis. Selon lui, la télémédecine « n’est pas complètement inutile mais c’est une médecine en mode dégradé ».
Les entreprises du secteur essaient de se réinventer
Si les critiques des professionnels de la santé ont pour conséquence de braquer les autorités, les entreprises du secteur essaient de se réinventer pour détourner un peu le regard. Ainsi, Médacom multiplie les façons de téléconsulter, au-delà du seul habitacle des cabines. Le leader du marché souhaite proposer une offre nationale globale, à travers des bornes ou des cabines, ainsi qu’une application mobile. Mais cela suffira t’il ?