On pourrait penser que la présence de contaminants dans le sang d’une équipe de toxicologues n’a rien de très surprenant. Malheureusement il ne suffit pas de manipuler des produits toxiques pour être intoxiqué.
Non seulement nous sommes très probablement tous – vous et moi – contaminés, mais en plus ce n’est pas une mais plusieurs dizaines voire plusieurs centaines de substances chimiques différentes et potentiellement néfastes qui circulent dans notre sang ! Si de nombreuses études ont permis de le mettre en évidence, seules quelques-unes ont été véritablement médiatisées car menées par des associations engagées dans la protection de l’environnement, comme le WWF (Fonds mondial pour la Nature). Cette organisation non gouvernementale (ONG) a beaucoup médiatisé la présence de substances toxiques dans le sang, en particulier dans le cadre d’un certain lobbying pour l’adoption de la Directive REACH. Leurs opérations de communication visaient à tirer la sonnette d’alarme à la veille d’une refonte de la réglementation européenne en matière de produits chimiques.
Une première étude consistait à procéder à des analyses du sang de 47 personnes provenant de toute l’Europe. Représentant au total 17 pays, les volontaires testés en décembre 2003 comprenaient 39 membres du Parlement Européen, 4 observateurs issus des pays en voie d’accession à l’Europe, 1 ancien parlementaire et 3 membres du personnel du WWF. Leurs échantillons sanguins ont été analysés en recherchant 101 produits chimiques provenant de cinq familles différentes :
• les pesticides organochlorés dont le fameux DDT, développé pendant la Seconde Guerre mondiale pour lutter contre les moustiques transmettant le typhus et le paludisme ;
• les PCB, une famille regroupant plus de 200 substances différentes, massivement utilisées de 1930 à 1970 comme lubrifiants pour les appareils électriques (lire page 240) ;
• les retardateurs de flamme bromés ou PBDE, groupe d’environ 70 substances, utilisés pour ignifuger les meubles, les textiles et les appareils électriques et électroniques (lire page 246) ;
• les phtalates qui servent à rendre les matières plastiques plus souples (lire page 244);
• les composés perfluorés ou PFO qui entrent dans la fabrication de substances anti-salissantes et/ou imperméables aux graisses (emballages, textiles, moquettes papier) et celle de détergents (lire page 234).
Extrait de "Sang pour sang toxique" de Jean-François Narbonne