A l'heure du monde global et d'internet, les universitaires et les chercheurs se mettent à la page et exploitent les nouveaux outils à leur disposition pour améliorer leurs études. C'est ainsi que l'épidémiologie cherche et trouve de nouveaux sujets via Facebook, tout en collectant les données par le biais de systèmes numériques.
En France, l'utilisation des nouvelles technologies dans cette branche de la médecine n'est pas encore ancrée dans les habitudes des chercheurs. Pourtant, les résultats sont plus que probants comme l'on montré les intervenants du colloque « e-tools and social networks for epidemiology » qui s'est tenu à la Cité Universitaire de Paris en mai 2013.
Pourquoi allier nouvelles technologies et épidémiologie ?
L'épidémiologie étudie l'évolution et les facteurs qui influencent la santé de populations qui se chiffrent en plusieurs milliers voire dizaines de milliers. Les données collectées sont ensuite traitées pour confirmer ou infirmeer une hypothèse, voire en émettre une nouvelle. Mais la quantité de données à traiter est gigantesque.
Avec de plus en plus de données collectées, mais aussi de nouveaux paramètres pouvant être pris en compte, le travail devient très difficile si les données ne sont pas collectées de manière automatique. Si aujourd'hui toute étude ne peut se passer de logiciels et d'ordinateurs, le Web 2.0 ouvre de nouveaux horizons pour la recherche.
Les réseaux sociaux au service des études épidémiologiques
L'idée peut paraître loufoque, mais les réseaux sociaux tels que Facebook permettent aussi de faire avancer la recherche médicale dans le champ de l'épidémiologie. En particulier, ces réseaux mettant en relation des millions de personnes entre elles sont d'excellents foyers de recrutement pour sujets de recherche.
De plus, les chercheurs sont en train de mettre en place des systèmes pour fidéliser les personnes qui veulent bien participer à leurs études, de sorte à les faire revenir régulièrement et à ce qu'elles incitent leurs connaissances à faire de même.
Via des plateformes web spécialement créées et dédiées, les sujets des recherches peuvent avoir un suivi personnalisé de leur contribution et recevoir des éléments sur l'étude en temps réel. Lors du colloque international qui a eu lieu à la Cité Universitaire de Paris, les plateformes CleanWEB ePRO ou encore SenseDoc ont été présentées par les sociétés qui les ont créées, à savoir BePATIENT et SPHERELab.
Collecte de données via le web 2.0
Toutes les plateformes ont pour but de centraliser et d'automatiser la collecte des données pour les études épidémiologiques, ainsi que de permettre aux chercheurs de recouper ces données avec de nouveaux paramètres plus difficilement prenables en compte lorsque la collecte n'est pas automatisée et immédiate.
Par exemple, John Nuckols, de l'Université d'Etat du Colorado, recoupe les données collectées sur ses sujets d'études avec les données de géolocalisation pour travailler sur l'impact enviropnnemental et, notamment, la pollution de l'environnement à un endroit précis.
D'un autre côté, certains chercheurs utilisent des bracelets électroniques pour collecter les données en temps réel des efforts physiques de leur sujets, comme le fait Suzanne Garland, de l'Hôpital de Melbourne, via le SenseWear Armband qui recueille les données physiologiques des sujets de l'étude Young Female Health Initiative.
La France se lance dans l'épidémiologie 2.0 avec la cohorte E4N
Pour Françoise Clavel-Chaperon, directrice des recherches de l'Inserm en charge des cohortes E3N et E4N, le lancement de cette nouvelle étude très étendue, la E4N, permettra de tester la fiabilité et l'utilité de ces nouveaux systèmes de collecte des données.
La cohorte E4N s'annonce comme un travail titanesque car elle se propose d'étendre le recueil de données aux conjoints, aux enfants et aux petits-enfants des femmes de la cohorte E3N. Lancée en 1990 , la cohorte E3N a analysé les données collectées auprès d'environ 100 000 femmes nées entre 1925 et 1950. Tous les deux ou trois ans, ces personnes volontaires remplissent un questionnaire de santé, mais ce travail prendrait plusieurs heures.
La cohorte E4N devrait donc bénéficier pour la première fois en France d'une collecte automatisée des données ce qui réduira le travail des sujets et les incitera donc à participer.