C'est un constat alarmant que fait l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OEDT). Le rapport 2013 dévoile que dans un contexte économique de crise, les jeunes mettent de plus en plus leur santé en danger, et coûtent de plus en plus cher à l'Etat.
Hyperalcoolisation, canabis, tabac, produits de synthèse… Autant de produits addictifs qui font désormais partie du quotidien des Français. Le rapport 2013 de l'OEDT se montre pessimiste. Et si, en plus d'être la méthode moderne pour les adolescents de tester leurs limites, tout ceci était l'effet de la crise ?
Tabac et alcool : les plus consommés
Aujourd'hui, on compte 13,4 millions de consommateurs de tabac et 8,8 millions buvant de l'alcool plus de dix fois par mois entre 11 et 75 ans. Leurs usages fléchissent peu, et l'âge auquel les jeunes expérimentent leur première cigarette est désormais de 11 ans. 22 % des adolescents de 16 ans sont des fumeurs quotidiens.
Le rapport à l'alcool a changé. Si la consommation dans le cercle familial demeure, on constate que les Français ne s'arrêtent pas de boire avant l'ivresse. 57 % des jeunes jusqu'à 17 ans en font l'expérience au moins une fois par mois. Par ailleurs, la nouvelle tendance du binge drinking inquiète. Cette pratique consistant à boire un maximum d'alcool fort en un minimum de temps concerne 20 % des jeunes de 17 ans. A savoir que ce mode de consommation entraîne de graves lésions au cerveau, entre autres effets dévastateurs à long terme.
Le cannabis en baisse…
Les jeunes français (15-16 ans) sont sur la première marche du podium européen des consommateurs de cannabis. La moyenne européenne se situe à 15 % de jeunes ayant fumé au cours de l'année. En France, le chiffre monte à 22 %. Chez les adolescents de 17 ans, 6 % ont une consommation régulière.
Bonne nouvelle néanmoins, cette consommation recule, car cela revient à moitié moins de fumeurs qu'il y a dix ans. On remarque une mode de la culture du cannabis chez soi, pour sa consommation personnelle la plupart du temps.
… mais les drogues dures en hausse …
Héroïne et cocaïne ont la côte. Le rapport fait état de trois fois plus de personnes ayant consommé de la cocaïne dans l'année, le chiffre passant de 0,3 % à 0,9 % en dix ans. Devant la France, l'Espagne compte 9 % de consommateurs de cocaïne. De quoi se rassurer.
Pour l'héroïne, le chiffre grimpe de 0,5 % à 0,9 % en cinq ans. Chez les jeunes, l'expérimentation est de 3 %. Le rapport explique qu'il s'agit d'une réaction due à la banalisation de cette drogue et la baisse de son prix.
L'ecstasy conserve une consommation stable dans les milieux festifs où elle est désormais préférée sous forme de poudre. On y retrouve également la kétamine et le poppers. L'OFDT parle d'un taux d'expérimentation de 9 % chez les jeunes.
Ces excès ne concernent en revanche que les plus jeunes Français. Passé la vingtaine, on ne compte pas plus de 1,8 % de consommateurs de drogues dures illicites.
… et de nouvelles drogues de synthèse sur internet
L'OFDT souligne l'engouement pour les drogues de synthèse. « Depuis 2010, en moyenne une nouvelle substance est identifiée par mois ». Moins chères et accessibles sur internet, on en compte 60 en France depuis 5 ans. THC, cocaïne de synthèse… Autant de produits particulièrement forts qui jouissent d'un statut réglementaire flou et ne sont donc pas classés comme stupéfiants.
Quel coût social ?
En 2000, Pierre Kopp et Philippe Fenoglio estimaient le coût social des drogues illicites. Pour les dépenses avérées comme telles, le montant s'élevait à 232,41 millions d'euros. S'ajoutent le coût des administrations publiques de l'interdiction des drogues montant à 740,15 millions d'euros. Les pertes de revenus et de production imputables aux drogues additionnent 51 et 929 millions au total. En plus des 132 millions de pertes de prélèvements obligatoires. Le tout s'élève à un coût social de 2035,24 millions d'euros en 2000.
Actualisé en 2006, la même méthodologie révèle un coût de 2824,44 millions d'euros.