D’après une nouvelle étude américaine, la consommation excessive d’alcool chez les femmes pourrait être liée aux œstrogènes. Cette catégorie d’hormones produite lors du cycle menstruel pousserait les femmes à boire davantage, dans les minutes qui suivent la première gorgée.
C’est connu : les hommes boivent de l’alcool beaucoup plus que les femmes. Peut-être parce que la société patriarcale a voulu que les pubs, bars, buvettes et autres lieux de beuverie soient des endroits pour mecs. Fort de cela, les études scientifiques sur l’alcoolisme ont longtemps concerné les hommes. Ainsi on sait aujourd’hui plus ou moins ce qui motive les hommes à lever le coude. Mais ce n’est pas le cas pour les femmes.
Pourquoi les femmes boivent de l’alcool plus que de raison ?
Aux États-Unis , des chercheurs ont mené une étude pour connaître les raisons qui poussent les dames à boire plus que de raison. Ils ont découvert que les œstrogènes, des hormones produites par les ovaires et liées au cycle menstruel, les poussaient à enchaîner les verres dans les 30 minutes qui suivent la première gorgée. Mais comment ont-ils deviné que cette catégorie d’hormones pouvait être à l’origine de l’alcoolisme chez la femme ?
Les œstrogènes à l’origine de nombreux comportements chez les femelles
Dr. Kristen Pleil, professeure associée en pharmacologie à Weill Cornell Medical (New-York) et coauteur de l’étude publiée dans la revue Nature communications, explique ce choix. Elle note que les œstrogènes sont connus pour avoir des effets très puissants sur de nombreux comportements, en particulier chez les femelles. « Il est donc logique qu’il module également la consommation d’alcool », affirme-t-elle.
Plus les femelles souris présentaient un taux élevé d’œstrogènes, plus elles buvaient de l’alcool
Pour confirmer leur thèse, les chercheurs de Weill Cornell Medecine ont surveillé les niveaux d’hormones chez des souris femelles, tout au long de leur cycle (cycle œstral de 4 à 5 jours). Dans le même temps, ils leur ont fait boire de l’alcool et ont fait ce constat : plus les femelles présentaient un taux élevé d’œstrogènes, plus elles buvaient. Les scientifiques américains ont donc conclu que leur boulimie était corrélée à leur taux d’hormones. Ils précisent que les souris buvaient davantage dans les 30 minutes qui suivaient leur première gorgée.
L’espoir d’un traitement contre l’alcoolisme
Selon les chercheurs, cette découverte permet d’entrevoir le développement de médicament contre l’alcoolisme. Ils pensent que l’on pourrait inhiber l’enzyme qui synthétise les œstrogènes pour constituer un traitement contre la consommation excessive d’alcool lorsque les niveaux d’hormones sont au plus haut. Aux États-Unis, un tel médicament a déjà été approuvé par la FDA pour soigner les femmes atteintes d’un cancer hormonodépendant.
L’alcool cause de nombreux décès à travers le monde
S’il voyait le jour, ce traitement qui bloque la multiplication des œstrogènes pourrait sauver beaucoup de vies a travers le monde. Selon l’OMS, plus de trois millions de personnes meurent chaque année à cause de l’abus d’alcool. Ces décès peuvent être dus à des accidents de la route ou à de nombreuses maladies liées à l’addiction à la boisson. Parmi lesquelles les maladies cardiovasculaires, les maladies du foie comme la cirrhose, les cancers (notamment du sein et du foie) et les troubles neurologiques ou cognitifs. On n’omet pas les risques à court terme, dont la dépression et les décisions ou attitudes irréfléchies (violences conjugales, dépenses inutiles et excessives, etc.).