Il a fallu près de cinq années pour que l’Alliance Pro “Retraite” voit le jour. Cinq années de négociations et parfois de tumultes, pour arriver à la création de deux institutions de retraites complémentaires Agirc et Arrco aux petits soins avec leurs adhérents.
L’opération aura pris le temps, mais c’est enfin fait. Les groupes de protection sociale Audiens, Agrica, B2V, IRP Auto, Lourmel et Pro BTP ont fusionné tous les six le 4 avril dernier, après plusieurs mois de tergiversations. Ce regroupement de ces six acteurs parmi les plus importants dans le milieu des retraites complémentaires a un effet rétroactif au 1er janvier 2018. Alliance Pro est donc née et est divisée en deux institutions : Alliance professionnelle Retraite Agirc (pour les salariés) et Alliance professionnelle Retraite Arrco (pour les cadres). Elles remplacent les caisses de retraites complémentaires déjà existantes, mais aucune incidence n’aura lieu ni sur les cotisations, ni sur les droits ou encore les versements de retraite aux adhérents.
Un projet conçu pour le long terme
Ce projet d’Alliance Pro ne date pas d’hier. Les six groupes qui la concernent et qui gèrent chacun 10% de l’ensemble Agirc-Arrco, ont en effet commencé les premières négociations dès octobre 2013, quelques mois après les derniers Accords Nationaux Interprofessionnels à destination des retraites complémentaires, qui prévoyaient des mesures drastiques visant une réduction des coûts de gestion. « L’un des intérêts de l’Alliance pro est notamment de pouvoir lisser les pics d’activité entre membres et de mutualiser certains investissements » 1, précise Eric Breux, directeur du pôle entreprises et institutions pour le groupe Audiens.
De fait, l’Alliance professionnelle “Retraite” veille à ce que chaque groupe de protection sociale qui la compose, puisse sauvegarder sa propre identité et maintenir une relation spéciale avec ses adhérents. Elle représente désormais 18% des régimes de retraite de l’Agirc et de l’Arrco, concerne la retraite d’un Français sur cinq. Elle gère jusqu’à 618 000 entreprises cotisantes et 4,1 millions d’actifs, pour une somme totale de 11 milliards d’euros de cotisations.
Une alliance qui a failli ne pas voir le jour
Pour autant, cette création ne s’est pas faite sans douleur. IRP Auto et Agrica ont bien failli ne pas en faire partie. Le groupe de protection sociale des professionnels des services de l’automobile IRP Auto, s’est en effet rapproché du groupe Klesia en mai 2016, allant jusqu’à annoncer une fusion entre ces deux groupes, avant de se positionner finalement du côté de l’Alliance Pro. Quant à Agrica, le groupe de protection sociale des entreprises agricoles et agro-alimentaires, il a longtemps hésité, sortant du cadre des négociations régulièrement, pour y ré-entrer. Il devait ainsi rendre sa réponse définitive pour rejoindre l’Alliance Pro le 30 juin 2016. Une décision repoussée à mars 2017, puis à fin avril 2017. Et cette dernière fut la bonne.
Ce ne fut pas non plus sans heurts du côté d’Audiens. En effet, le 6 janvier 2017, l’ex-mutuelle Audiens, du groupe du même nom et consacrée aux indépendants du monde de la presse, du spectacle et de la communication, adressa une lettre à tous ses adhérents, faisant acte de son départ du groupe. Devenue uMen, elle intégra le nouveau groupe 100% mutualiste, Harmonie. Elle fut également suivie d’une autre mutuelle du groupe Audiens, la MRSSC (Mutuelle des Réalisations Sanitaires et Sociales de la Communication). Ce qui n’a finalement pas affecté le groupe : les 170 postes concernés par ces changements ont été reclassés, les adhérents ont été rassurés et le départ de la mutuelle uMen a attiré de nouveaux partenaires, comme la mutuelle Pleyel Santé forte de ses 11,4 millions d’euros de cotisations. L’Alliance Pro peut désormais naviguer en des eaux beaucoup moins troubles, l’horizon en ligne de vue…