L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), en ce mardi 9 avril, tire la sonnette d’alarme quant au bisphénol A (BPA). Cette agence de sécurité sanitaire a publié un avis très négatif sur ce polluant, présent principalement dans les produits du quotidien, et s’inquiète pour les générations futures.
Le bisphénol A est un perturbateur endocrinien, soit une substance chimique de synthèse capable d'interférer avec le système hormonal. De tous les perturbateurs endocriniens, le BPA est celui que l’on retrouve dans le plus grand nombre d’objets : conserves, canettes, plastiques, etc., et touche l’ensemble des populations occidentales.
Selon l'agence française, le BPA accroit le risque de cancer du sein de l’enfant à naître, exposé dès son développement dans le ventre maternel. Dans 23 % des situations étudiées par l’Anses, les femmes enceintes sont potentiellement exposées à des taux de BPA présentant un risque accru de cancer du sein pour l'enfant à naître. Ce taux de 23 % doit être pris avec précaution. Il indique que potentiellement un quart des femmes enceintes ont un taux d'imprégnation au BPA excédant une valeur de référence calculée par les experts de l'Anses. Cette donnée n’est pas connue.
D'autres risques comme les troubles du comportement, des dysfonctionnements de l'appareil reproducteur des femmes, l’obésité, on été considérés comme « négligeables » pour la population en général, mais ne doivent pas être exclus cependant. Par manque de données, d’autres risques notamment pour la prostate, la thyroïde, et la fertilité masculine, évalués sur les animaux, n’ont pas pu êtres évalués sur l’homme. "Ces risques ne sont pas pour autant exclus", indique l'Anses.
Si de nombreuses expériences et études scientifiques ont été menées depuis vingt ans sur des animaux de laboratoire et atteste le risque de cancer du sein après exposition au bisphénol A au stade fœtal, c’est la première fois qu'une agence d'expertise sanitaire procède à une analyse des risques en complétant l’apport scientifique par l’exposition de la population.
Le BPA est présent dans les emballages industriels, mais aussi dans l'air, à l'intérieur des foyers, dans l'alimentation, dans l'eau, sur les tickets de caisse, etc. Sa mesure a permis de mesurer l’exposition de la population générale.
Selon l'Anses, la première source d'exposition est l'alimentation, qui contribue à environ 84 % de l'exposition de la femme enceinte au bisphénol A. Environ la moitié de l'exposition totale provient des résines époxy utilisées pour les boîtes de conserve. On ignore les sources d’environ 25% à 30% d’aliments contaminés par le BPA.
L’une des situations les plus inquiétantes est celle des caissières qui manipulent des tickets de caisse en permanence, où très souvent le bisphénol est utilisé à la place de l’encre. Pour les tickets de caisse indiquant ne pas utiliser de bisphénol A, souvent, ce sont d’autres bisphénols qui sont utilisés à la place, qui sont autant voire plus problématiques. Quant aux tickets de caisse estampillés "sans bisphénol A", une bonne part contient comme substitut d'autres bisphénols autant, voire plus problématiques.
L'Anses a ainsi également étudié les alternatives au BPA. Parmi ces alternatives, certaines "sont actuellement utilisées sur les marchés européen et non européen alors que d'autres n'en sont encore qu'à un stade de recherche et développement", note l'agence de sécurité sanitaire. Elle précise cependant qu’aucune alternative ne pourrait remplacer le bisphénol A dans tous ses usages.