Les bisphénols A, S et F sont considérés comme des substances dangereuses pour la santé. Pourtant, ils sont utilisés pour fabriquer beaucoup d’objets, même au niveau alimentaire. L’étude Esteban s’est donc penchée sur la question de l’imprégnation des Français à ces différents composés. Il s’avère que la quasi-totalité de la population est concernée par ce problème.
Bisphénols A, S et F : des substances très préoccupantes pour la santé
Les bisphénols A, S et F sont des substances chimiques de synthèse. On les retrouve dans des objets du quotidien comme les emballages alimentaires, mais également les équipements électroniques, les papiers thermiques, les peintures, les vernis…
Il faut savoir que le bisphénol A (BPA) est considéré comme un perturbateur endocrinien par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’Agence européenne des produits chimiques (echa) a classé ce composé comme « substance très préoccupante ». On pense qu’il est associé à des maladies comme le diabète, l’obésité, les cancers, les pathologies cardiovasculaires, respiratoires ou rénales. Du côté des bisphénols S et F (BPS et BPF), les données manquent, mais il apparaît que, selon certaines études, ils seraient également des perturbateurs endocriniens.
L’étude Esteban a mesuré les taux d’imprégnation en bisphénols A, S et F de 500 enfants et 900 adultes, âgés de 6 à 74 ans (2014-2016). Et les résultats montrent que ces bisphénols ont été trouvés dans presque tous les échantillons, au même titre que les métaux lourds déjà évalués dans le cadre de cette même enquête. Selon l’étude : « les moyennes géométriques en BPA étaient respectivement de 2,25 et 2,69 µg/g de créatinine chez les enfants et les adultes ; égales à 0,44 et 0,53 µg/g de créatinine pour les bisphénols S (BPS) et de 0,26 et 0,31 µg/g de créatinine pour les bisphénols F (BPF). »
Les enfants plus touchés par les bisphénols que les adultes
L’étude Esteban démontre que les enfants sont globalement plus touchés par l’imprégnation aux bisphénols. Différentes raisons pourraient expliquer ce phénomène comme l’explique Santé publique France. « Plusieurs hypothèses issues de la littérature pourraient expliquer ces niveaux : des contacts cutanés et de type « main bouche » plus fréquents pour des produits du quotidien (jouets, peintures…) ; des expositions plus importantes liées par exemple à une exposition accrue aux poussières domestiques ou à un poids corporel plus faible par rapport à leurs apports alimentaires, comparativement aux adultes. »
Des pistes pour déterminer les facteurs à risque
Esteban montre également que certains facteurs peuvent augmenter le niveau d’imprégnation des bisphénols S et F chez les enfants et chez les adultes. C’est le cas, par exemple, des enfants consommant plus de poissons pré-emballés. Il en va de même chez les adultes mangeant des aliments pré-emballés (pour les bisphénols S en particulier).
Enfin, un lien peut également être fait entre les niveaux d’imprégnation et les habitudes d’aération des logements des adultes et enfants ayant participé à l’enquête. Les auteurs souhaitent tout de même signaler que : « les associations mises en évidence dans l’étude Esteban doivent être interprétées avec précaution, car les études transversales ne permettent pas à elles seules de déterminer la causalité entre les sources d’exposition potentielles étudiées et les niveaux d’imprégnation mesurés […] »
Il sera donc utile de poursuivre les investigations concernant les bisphénols A, S et F comme le souligne Santé publique France : « La répétition de ces études est nécessaire pour suivre dans le temps les évolutions des expositions de la population et contribuer à estimer l’impact des politiques publiques visant à réduire les expositions. »