Les premières conclusions du rapport d’une commission d’enquête parlementaire sur le sujet de la pollution au chlordécone, ont été rendues. Elles indiquent que l’État serait le premier responsable de cette catastrophe sanitaire et écologique.
Chlordécone : un insecticide dangereux pour la santé et l’environnement
En Guadeloupe et en Martinique, les sols sont très fortement pollués par le chlordécone. Il s’agit d’un insecticide dont on connaît les méfaits pour la santé depuis les années soixante-dix : perturbateur endocrinien et cancérogène probable. C’est aussi un élément chimique polluant qui reste longtemps dans les sols. Face à cette réalité, les États-Unis ont d’ailleurs rapidement réagi, interdisant son utilisation dès 1975. La France, quant à elle, a autorisé son usage de 1972 à 1993 en Guadeloupe et en Martinique. Les cultivateurs l’employaient dans les bananeraies afin de lutter contre le charançon de la banane.
Aujourd’hui, on pointe du doigt le rôle de l’État dans ce désastre écologique et sanitaire comme le souligne Justine Benin, députée (MoDem) et rapporteure de la commission parlementaire ayant enquêté sur le sujet. « Indéniablement, l’État est le premier responsable », mais elle ajoute également : « ces responsabilités sont partagées avec les acteurs économiques. Les industriels d’abord, mais aussi les groupements de planteurs et certains élus, qui ont défendu jusqu’au bout l’usage du chlordécone, qu’ils considéraient à tort comme un produit miracle sans possibilité d’alternative ».
Une catastrophe sanitaire et écologique de grande envergure
Les conséquences de cette politique autorisant l’utilisation du chlordécone aux Antilles ont été soulevées il y a peu de temps. En effet, on sait qu’aujourd’hui l’insecticide est coupable de la contamination de 95 % des Guadeloupéens et de 92 % des Martiniquais (source Santé Publique France). Le produit chimique a envahi la terre et il persiste encore actuellement. Il continue donc à polluer les légumes que l’on y fait pousser, à empoisonner les bêtes que l’on élève sur place, mais aussi l’eau que l’on boit et les poissons vivant dans certaines zones.
Pour remédier au plus vite à ce problème, l’État va mettre en place la dépollution des terres, indemniser les agriculteurs et les pêcheurs, réaliser l’analyse des sols… Au total, un budget de 25 millions d’euros est alloué à ces objectifs. De plus, un fonds d’indemnisation pour les malades doit pouvoir aider les victimes, tout comme le dépistage gratuit pour les habitants et la prise de mesures de traçabilité pour les produits alimentaires.