Depuis la découverte de 3 premiers cas de Coronavirus sur son territoire, Madagascar se prépare à affronter le virus Covid-19. Le pays, qui compte parmi les plus pauvres du monde, dispose cependant d’une forte expérience en matière de gestion des épidémies et d’infrastructures de pointe comme la Polyclinique d’Ilafy à Antananarivo.
Jusqu’ici épargnée par la pandémie mondiale de Covid-19, Madagascar vient d’annoncer la découverte de 3 premiers cas de Coronavirus dans la Grande Île. Une situation qui a conduit le président malgache, Andry Rajoelina, à prendre des mesures immédiates et draconiennes en vue de prévenir une flambée de l’épidémie sur la Grande Île. Outre la fermeture de tous les établissements recevant du public, à l’instar des restaurants et des lieux de loisirs, le Gouvernement Malgache a également mobilisé les services de santé et de sécurité pour sensibiliser la population et freiner la propagation du virus.
Une expérience de la gestion des épidémies
Depuis plusieurs semaines, les hôpitaux malgaches ont déjà dû prendre des mesures pour freiner la propagation du Covid-19 sur l’île. Car l’épidémie est prise très au sérieux à Madagascar, dont le système de santé reste fragile, mais qui peut compter sur quelques infrastructures de pointe et sur un certain savoir-faire en la matière. Madagascar a déjà dû faire face dans son histoire récente à des problèmes sanitaires extrêmes. Chaque année, la Grande Île voit apparaître entre Août et Avril une épidémie de peste bubonique et doit veiller à ce que sa forme la plus létale, pulmonaire, ne franchisse pas le stade épidémique. En 2017, une épidémie de peste pulmonaire avait atteint plus de 3 000 personnes et fait plus de 200 morts dans le pays. Celle-ci avait cependant pu être contenue en quelques semaines grâce à l’expérience acquise lors d’épisodes critiques précédents.
Le secteur sanitaire se modernise sur la Grande Île : l’exemple de la Polyclinique d’Ilafy
L’aspect endémique de la peste souligne les faiblesses sanitaires de Madagascar. La Grande Île, qui a longtemps manqué d’infrastructures de santé opérationnelles, connait une espérance de vie plus basse que la moyenne mondiale. Le contexte sanitaire global du pays le rend particulièrement vulnérable aux flambées épidémiques et fait redouter la propagation du virus du Covid-19 dans le pays.
Pour autant, les dernières années ont vu se moderniser le secteur de la santé dans le pays, sous l’effet d’un rapprochement entre le secteur public et le secteur privé et sous l’impulsion des grands entrepreneurs de l’île. Parmi eux, Maminiaina dit « Mamy » Ravatomanga, à la tête de l’un des plus importants consortiums industriels de l’Île, le Groupe Sodiat, a mis sur pied en 1996 l’infrastructure médicale la plus moderne de Madagascar. Située à Antananarivo dans la capitale, la Polyclinique d’Ilafy compte près de 300 collaborateurs dont plus d’une centaine de médecins, de chirurgiens et de soignants, et neuf pôles médicaux. Celle-ci propose plusieurs équipements et spécialités de pointe, en oncologie, chirurgie, médecine interne (dont la dialyse), cardiologie, gynécologie obstétrique, soins intensif – réanimation et l’imagerie médicale, (scanner, IRM ,échographie, angiographie), sans oublier la mise en place et la gestion de l’unique service d’urgences de type SAMU (Privé) qui n’ont pas leur équivalent sur la Grande Île.
Dans la perspective d’une arrivée de l’épidémie sur l’Île, l’OMS a fait de la Polyclinique d’Ilafy le centre de référence privé à Madagascar pour la prise en charge et le traitement du Covid-19. Celle-ci dispose également d’un partenariat avec l’Institut Pasteur de Madagascar, notamment en matière de recherche, de formation des soignants et de mise en œuvre des tests PCR. La Polyclinique s’est équipée de tests et de respirateurs supplémentaires pour traiter les cas les plus avancés de Coronavirus et a déjà commencé à recevoir les personnes suspectées de porter la maladie, passées par l’aéroport d’Ivato.
La stratégie du confinement
Si le pays n’est jusqu’ici pas concerné par la pandémie de Covid-19 au même niveau et à la différence de plusieurs de ses voisins en Afrique et dans l’Océan indien, Madagascar a déjà arrêté une stratégie préventive pour éviter une généralisation de la maladie sur la Grande Île. Et opté, à cette fin, pour un confinement général du pays de Stade 1. Le pays a suspendu le 20 mars les vols internationaux et régionaux desservant Madagascar durant 30 jours. Le pays impose également un confinement individuel à tous les voyageurs arrivés sur l’Île avant la fermeture des frontières, et a importé du matériel médical pour tester notamment ces derniers en moins de vingt minutes au moyen de Tests de Diagnostics Rapides. Enfin, le Gouvernement Malgache a exhorté ses citoyens à prendre leurs responsabilités et à adopter des gestes d’hygiène et les gestes barrières pour éviter de transmettre le virus.
En s’appuyant sur son expérience passée de gestion des épidémies, sur ses infrastructures médicales de pointe et sur sa stratégie de confinement strict de la Grande Île, Madagascar entend ainsi se préparer à une éventuelle extension de la pandémie de Covid-19. Des atouts précieux, pour surmonter les vulnérabilités de son système sanitaire.