C’est une première en France. Le Tribunal de grande instance de Paris ouvre une enquête préliminaire pour homicide involontaire à la suite d’une plainte contre X déposée par la famille d’un vigneron mort d’un cancer. Les pesticides seraient mis en cause.
Homicide involontaire, tromperie et omission de porter secours
L’affaire remonte à avril dernier. La famille Murat (viticulteurs du bordelais) portait plainte contre X devant le TGI de Paris pour « homicide involontaire ». La victime, James Bernard Murat, est décédé d’une maladie, semble-t-il causée par l’utilisation de pesticides. Atteint en 2010 d’un cancer, l’arsénite de sodium a été mis en cause. Le vigneron succombe en décembre 2012.
La plainte a visiblement « retenu toute l’attention du procureur, qui a décidé d'y donner suite en ordonnant l'ouverture d'une enquête préliminaire » explique dans un communiqué les associations Phyto-Victimes et Générations Futures. « Le parquet a ouvert une enquête à la suite de la plainte contre X pour homicide involontaire, tromperie et omission de porter secours. »
« Il est indéniable aujourd'hui que l'utilisation de la chimie en agriculture, présentée comme des « médicaments des plantes » et comme une avancée technique, a eu et a encore un impact considérable sur la santé des professionnels. Cette décision d’ouvrir une enquête prouve « l’importance de cette problématique » détaille le président de l’association Phyto-Victimes, Paul François. Pour cette enquête préliminaire, un vice-procureur est en charge de suivre le déroulement de l’affaire au sein du Pôle santé publique de Paris ; les premiers éléments de l’affaire devraient voir le jour prochainement. « C'est précisément ce que nous attendions et espérions. Un classement sans suite aurait été intolérable pour nous, cela constituait un risque et notre plus grande crainte » souligne la fille de la victime, ajoutant qu’il faut désormais « briser l’omerta » qui règne dans les milieux viticoles à propos des pesticides.
Tabou sur les pesticides
Pourtant le pesticide en question – arsénite de sodium – est reconnu pour sa dangerosité depuis les années 1950 ! Cependant, les pouvoirs publics ne l’ont interdit qu’en 1973 … sauf dans la viticulture. Il est définitivement mis hors du marché en 2001 – tous les produits à base d’arsenic. Le Royaume-Uni l’avait déjà écarté au début des années 1960.
Les pesticides avaient fait parler d’eux l’an dernier aussi. Dans le village de Villeneuve (de nouveau le bordelais) où des enfants et une enseignante avaient été pris de malaises après l’épandage de fongicides près de l’école. L'Assemblée nationale avait alors voté le 10 juillet 2014, les mesures restreignant l'usage de pesticides près des lieux sensibles comme les écoles, les centres hospitaliers ou les centres de loisirs. Un sujet qui reste malgré tout sensible tant le vin est au cœur de l'économie et du prestige de l’Hexagone …
l”arsénite de sodium est un fongicide : Les fongicides comprennent une grande variété de composés chimiques dont la toxicité varie considérablement d’une substance à l’autre. Si les fongicides sont moins toxiques que les insecticides, c”es moins connu qu”ils sont néanmoins très souvent à la base d’un certain nombre de troubles cutanés, ORL, ophtalmologiques ou respiratoires et beaucoup sont allergisants. Mais ils peuvent aussi provoquer des troubles digestifs et neurologiques (maux de tête, nausées, altération de la vision …). En outre, parfois, ils peuvent être sources de cancers, de troubles génétiques, voire même d’une altération des fonctions de reproduction.rnsource : La prévention des risques professionnels des fongicides : http://www.officiel-prevention.com/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique/detail_dossier_CHSCT.php?rub=38&ssrub=69&dossid=529