Les dérives sectaires liées à la santé tendent à se développer, notamment suite à la crise de la Covid-19. Elles font peser sur les malades des risques pour leur santé, en plus de dépenses financières importantes et d’autres dangers.
Santé : l’essor inquiétant des dérives sectaires
Qu’il s’agisse de médecines douces, de psychothérapie, de coaching bien-être… les dérives sectaires liées à la santé sont de plus en plus nombreuses. Ainsi, selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) : « les dérives sectaires dans le domaine de la santé représentent près de 40 % de l’ensemble des signalements reçus ».
La Milivudes s’inquiète du « développement exponentiel » de ce problème. Cet essor est notamment engendré par : « l’augmentation du nombre de praticiens, de techniques non conventionnelles à visée thérapeutique et de formations débouchant sur des qualifications non validées et d’avenir incertain ». Il existe, par exemple, en France, 4 000 psychothérapeutes n’ayant aucune formation. On trouve également 800 kinésiologues et 3 000 médecins en lien avec des pratiques sectaires.
L’amplification de ces dérives amène de plus en plus de malades à s’intéresser aux médecines parallèles. Résultat : « 4 Français sur 10 ont recours aux médecines dites alternatives, dont 60 % parmi les malades du cancer ».
Des conséquences graves pour les malades abusés
Certains groupes ou individus n’hésitent pas à utiliser les médecines alternatives pour abuser de la confiance des malades. Et, sous une apparence d’entraide et de bienveillance, se cache, bien souvent, un objectif financier. Ainsi, les soins proposés sont très onéreux et sans garantie aucune.
Mais au-delà de la perte financière subie par les victimes, d’autres drames peuvent se jouer en coulisse. C’est ce que souligne Bruno Falissard, psychiatre et directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif). Il indique sur le site de l’Inserm que sous influence : « le patient peut non seulement se voir soutirer une somme importante, subir des violences sexuelles, et rompre les liens avec ses proches, mais aussi – dans des domaines plus spécifiques au champ de la santé – perdre des chances de guérison en renonçant à des soins éprouvés, et mettre en danger la collectivité en cas de refus, par exemple, de la vaccination, si le discours sectaire est anti-vaccins… ».
Un manque d’évaluation des dérives sectaires liées à la santé
Si la Milivudes perçoit un accroissement du phénomène sectaire en rapport avec la santé, il est encore difficile de l’estimer. L’organisme souligne : « l’absence d’évaluation indépendante et rigoureuse » du problème. Cette défaillance entraîne un manque de connaissance des dangers et des conséquences pour les patients.
Bruno Falissard indique, de son côté : « En plus d’être mal évaluées, voire pas du tout, ces approches ne sont pas réglementées, ni standardisées ». Il ajoute : « Résultat, n’importe qui peut se prétendre thérapeute et appliquer des idées ou protocoles de soin plus ou moins fantaisistes. Ce qui accroît le risque d’emprise. »
À la nécessité d’évaluer, s’ajoutent donc également celles de normaliser et de codifier les pratiques liées aux médecines parallèles. C’est ce que souhaite d’ailleurs la Société savante des interventions non médicamenteuses qui travaille en ce sens. L’organisme a, entre autres, pour volonté de : « faire reconnaître un modèle unique de validation et de surveillance des interventions non médicamenteuses ». Une solution qui permettrait donc d’intégrer celles qui sont efficaces au parcours médical des patients tout en diminuant les dérives sectaires.