Depuis quelques années, les cabines de téléconsultation fleurissent dans les magasins d’optique. Là-bas, le patient est invité à se faire téléconsulter par un ophtalmologue, puis éventuellement à acheter. Mais certains praticiens dénoncent une complicité, qui cache une obligation à l’achat de montures.
Promue depuis quelques années, la télé-ophtalmologie est une innovation médicale qui révolutionne l’accès aux soins oculaires. Avec ce système, le patient prend rendez-vous, via une plateforme numérique, puis se rend dans un magasin où se trouve une cabine de téléconsultation pour se faire ausculter par un ophtalmologue. Grâce aux appareils pilotés à distance, le spécialiste effectue un examen oculaire à l’issue duquel il peut donner une ordonnance.
Alain Afflelou et Optic 2000 ont installé des cabines de téléconsultation
De plus en plus de magasins d’optique, indépendants ou franchisés, proposent à leurs clients d’effectuer ce bilan visuel à distance avec un ophtalmologue. Le réseau Alain Afflelou, notamment, compte plus de 200 magasins équipés pour la consultation d’un ophtalmologue à distance avec Doctolib. Quant à l’opticien d’Optic 2000, il s’est associé avec Medadom pour proposer ce service dans ses boutiques. Ces entreprises peuvent facturer jusqu’à 50 €, une somme en partie prise en charge par la Sécu et les mutuelles.
Un compérage problématique pour le Snof
Il s’agit donc d’un business juteux, qui dérange des professionnels de la santé. Le Syndicat national des opticiens français (Snof) évoque une complicité problématique, puisque le patient n’a pas le choix de son praticien et de son opticien. Il est contraint de traiter avec l’ophtalmologue fournit par la boutique et de payer ses montures dans celle-ci après la téléconsultation. Dr Vincent Dedes, président de la Snof, note que rien n’oblige le patient à téléconsulter ou à acheter l’équipement prescrit sur place ; toutefois, il y est tout de même incité, de manière plus ou moins explicite.
Des cabines de téléconsultation pour palier au déficit d’ophtalmologues ?
Interrogé sur ce couplage de service, Medadom dit garantir la qualité médicale des prestations fournies, et précise que « le médecin reste le seul responsable de ses actes médicaux, donc de sa prescription, qui n’engage que lui ». De son côté, Optic 2000 relève que « la téléconsultation avec un ophtalmologue ne se substitue pas à la consultation physique ». Cette opération viserait à offrir aux patients une prise en charge plus rapide à distance dans certains territoires qui manquent d’ophtalmologues.
La Snof ne croit pas en l’argument du désert médical
Dans certaines zones, en effet, les ophtalmologues sont rares. Les patients attendent souvent plusieurs mois pour avoir un rendez-vous avec un spécialiste. Les cabines de téléconsultation règleraient ce problème, en permettant des rendez-vous plus rapides et plus proches, surtout pour les personnes à mobilité réduite. Le Dr Dedes ne croit pas en l’argument du désert médical. Pour lui, c’est un prétexte. Le président de la Snof note que la plupart des cabines sont installées dans les grandes villes comme Paris et Bordeaux, et non dans les communes dépourvues d’ophtalmologues. Il reste donc sur l’idée d’un business pur et simple.