76 produits chimiques toxiques différents (sur les 101 recherchés) ont ainsi été trouvés dans le sang des parlementaires suite à une étude publiée en 2012.
Chaque personne est contaminée par un cocktail de substances toxiques persistantes (capables de rester longtemps dans l’organisme) et bioaccumulables (qui pénètrent et se concentrent dans l’organisme) comprenant des produits issus de chacune des cinq familles visées.
Le plus grand nombre de produits trouvés chez une seule personne se chiffre à 54, tandis que la moyenne fait état de 41 substances détectées par personne. Au moins 13 substances toxiques identiques ont également été découvertes chez chaque volontaire testé, comprenant notamment des produits chimiques interdits en Europe depuis plus de vingt ans ainsi que des produits chimiques toujours couramment employés aujourd’hui tels que les phtalates et les composés perfluorés. Parmi les retardateurs de flamme, le « deca- BDE », un produit suspecté d’être neurotoxique, a été dépisté au seuil le plus haut jamais relevé dans une étude européenne de ce genre. Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette valeur maximale a été mesurée dans le sang d’une députée européenne française appartenant au groupe des Verts, consommant beaucoup de produits issus de l’agriculture biologique et habitant en zone rurale ! Quelle peut donc être l’origine de cette contamination qui, jusqu’ici, était associée à des expositions professionnelles aux appareils électroniques traités aux PBDE ? Elle est inattendue (lire page 41). Un autre retardateur de flamme bromé, appelé TBBPA, a également été détecté à des taux très importants, tandis qu’un troisième produit de cette famille, le HBCD, aurait été détecté pour la première fois dans du sang humain.
ET UN COCKTAIL POUR MONSIEUR LE MINISTRE !
Une deuxième étude a été réalisée en juin 2004 par le WWF. Elle visait cette fois à analyser le sang de 14 ministres de la Santé et de l’Environnement de 13 pays de l’Union Européenne. Un total de 55 contaminants industriels a été identifié dans leur sang (37 en moyenne) sur les 103 recherchés, dont des retardateurs de flamme, des composés fluorés, des pesticides, des plastifiants et des parfums.
Plusieurs de ces composés étaient interdits depuis longtemps. 25 composés ont été retrouvés systématiquement dans tous les échantillons
: 1 retardateur de flamme, 2 pesticides et 22 PCB. Plusieurs des composés contaminant le sang des ministres sont persistants, bioaccumulables et peuvent perturber le système hormonal. Ils sont aussi retrouvés chez les animaux qui se situent en fin de chaîne alimentaire sur terre (carnivores) comme en mer (requin ou thon). Il aura donc fallu une étude spécifique sur le sang des ministres de la Santé et de l’Environnement pour faire prendre conscience aux responsables politiques de l’importance de la contamination humaine.
Alors qu’un comité scientifique « contamination des chaînes alimentaires » a été mis en place au ministère de l’Environnement dès 1972, on se rend compte qu’en 2004 (soit plus de 30 ans après) les responsables de la santé publique n’avaient toujours pas conscience de la contamination de l’homme pourtant situé au sommet des chaînes alimentaires.
Extrait de "Sang pour Sang toxique" par Jean-François Narbonne