En 2017, « la famine est de retour ». Voici le terrible constat fait par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans son « rapport mondial sur les crises alimentaires 2017 ». D’après l’organisation, dans le monde, 108 millions de personnes font actuellement face à une « crise alimentaire ». Pour Dominique Nouvian Ouattara, il est grand temps d’agir pour éradiquer ce fléau.
Dominique Ouattara lance un appel à la mobilisation
Très mobilisée sur le sujet de la malnutrition en Afrique, la Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Nouvian Ouattara, qui présidait, le 20 mars dernier à Stuttgart, le 3e Congrès international contre la malnutrition « Hidden Hunger », a profiter de l’évènement pour rappeler que la lutte contre la famine était « un sujet majeur qui fait appel à l’implication et à la mobilisation de tous ».
Ainsi, lors de son discours d’ouverture du « Hidden Hunger », Dominique Nouvian Ouattara a montré toute sa détermination à combattre la crise alimentaire qui sévit actuellement dans certaines parties du monde. Profitant de la tribune qui lui était offerte, celle-ci a appelé à « une mobilisation de tous, notamment des acteurs de l’industrie agro-alimentaire, en vue de résoudre ce fléau de façon durable ». Cet appel à la mobilisation, lancé par la fondatrice de l’association Children of Africa, association qui œuvre, entre autres, pour améliorer les conditions de vie des enfants africains, intervient à la veille d’une crise humanitaire, que le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, considère comme la « plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale ».
Ainsi, depuis bientôt deux ans, plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient font face à une crise alimentaire grandissante, qui menace aujourd’hui la vie de plus de 20 millions de personnes, essentiellement des femmes et des enfants. Le 20 février, l’état de famine a d’ailleurs officiellement été décrété au Soudan du Sud, où, selon l’ONU, 100 000 personnes risquent de mourir de faim rien que dans la région de l’Unité, au nord du pays.
Conflits et climat : principales causes de la famine
Et ce n’est pas moins de 6,1 millions de personnes qui seraient actuellement touchées par ce fléau au Soudan du Sud, État devenu indépendant en juillet 2011 et qui connaît, depuis 2013, « une guerre civile politique et ethnique qui a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés ». Le gouvernement de cet état nouvellement créé est d’ailleurs accusé par l’ONU d’utiliser davantage ses ressources pour l’achat d’armes plutôt que pour porter secours aux habitants. Un cas malheureusement loin d’être isolé…
Au Yémen, 7,3 millions d’individus seraient également menacés par la famine. « Les mots manquent pour décrire la souffrance des habitants […]. Leur résilience a atteint un point de rupture », témoigne Robert Mardini, directeur régional du CICR (Comité international de la Croix-Rouge) au Moyen-Orient. Selon lui, dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique, « 20 personnes meurent chaque jour » de sous nutrition et de problèmes sanitaires liés au conflit entre l’Arabie saoudite et les rebelles houthis, soutenus par l’Iran.
Par ailleurs, l’aide internationale est rendue quasiment impossible du fait de l’indisponibilité de plus de 50% des hôpitaux du pays, taux qui s’élève même à 90 % dans la ville de Taiz, la deuxième plus peuplée du pays avec 400 000 habitants, assiégée depuis mars 2015 par les rebelles. Et la situation s’est une nouvelle fois dégradée depuis que la coalition arabe, menée par l’Arabie saoudite qui combat les rebelles houthis et leurs alliés, a décrété un embargo humanitaire empêchant ainsi, depuis plusieurs mois, les organisations humanitaires et leurs cargaisons d’accéder aux populations.
Le tableau est également très sombre en Somalie et au nord-est du Nigéria, où respectivement 2,9 et 5,1 millions de personnes risquent de mourir de faim dans les prochains mois. L’insécurité causée par les mouvements islamistes (Shebab et Boko Haram) limite considérablement l’intervention des ONG, qui craignent les enlèvements et les exécutions. Ces régions sont par ailleurs durement touchées par les phénomènes météorologiques comme El Niño, responsable, depuis 2015, d’une sécheresse désastreuse et d’une aridité des sols « jamais enregistrée depuis 30 ans », d’après les experts du réseau de surveillance contre la famine Fewsnet.
Au total, ce ne sont pas moins de 37 pays de par le monde qui auront besoin d’assistance pour lutter contre la famine en 2017, dont 28 rien qu’en Afrique. Selon Dominik Stillhart, directeur des opérations du CICR, et qui estime à trois mois le délai qui sépare ces pays d’une des pires tragédies du XXIe siècle, « Aujourd’hui, nous avons encore la possibilité d’éviter le pire ». Et pour « éviter le pire », la mobilisation doit être pleine et entière : d’après le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA), pour endiguer les risques de famine au Yémen, au Soudan du Sud, au nord-est du Nigéria et en Somalie, 4 milliards d’euros devront être mobilisés, et ce avant le mois de juillet 2017…