C’est un anniversaire plutôt morbide que nous venons de fêter. Le 22 mars 2014 le gouvernement guinéen déclarait qu’une épidémie d’Ebola sévissait dans son pays. Cela fait donc plus d’un an qu’Ebola fait des ravages en Afrique de l’Ouest et la situation n’est toujours pas maîtrisée…
Un bilan qui ne cesse de s’alourdir
Dans son dernier bilan, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) évoque un total de plus de 24 000 cas d’Ebola dont pas moins de 10 000 morts en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. Même si le gros de la crise semble passé le virus continue de toucher les populations. Après trois semaines sans nouveaux malades, le Liberia vient de découvrir un cas. En Sierra Leone le chef de l’Etat a annoncé un confinement de la population du 27 au 29 mars puis les trois premiers samedi d’avril afin d’organiser des opérations de porte-à-porte devant permettre de débusquer les cas non déclarés.
Pour l’OMS c’est la situation en Guinée qui est la plus alarmante car la chaîne de contamination n’est toujours pas maîtrisée. En effet, des obsèques sont toujours organisées sans les précautions nécessaires pour éviter les contaminations et un grand nombre des malades sont identifiés post-mortem.
MSF publie un rapport édifiant
Lundi 23 mars, Médecins sans frontières (MSF) a publié un rapport exposant les difficultés rencontrées sur le terrain. MSF est en première ligne sur le front Ebola depuis mars 2014. Dans ce rapport l’organisation dénonce le manque de réactivité de l’OMS et l’engagement tardif de la communauté international. « Il incombait à l’OMS, et non à MSF, de combattre » déclare l’association.
Ce que décrit MSF dans son rapport est édifiant : « Nous demandions le déploiement de personnel médical qualifié, l’organisation de formations et l’intensification des mesures de sensibilisation et de suivi des contacts. Malheureusement, rien de tout cela ne s’est concrétisé après notre appel à l’aide. Nous avions l’impression de prêcher dans le désert ».
Ce qui ressort de ce rapport c’est que MSF a été la seule organisation à saisir la gravité de cette épidémie, même les gouvernements des pays touchés par Ebola les ont « taxé d’alarmisme ». Les autorités gouvernementales et les membres de l’OMS en Guinée et en Sierra Leone ont accusé l’organisation de provoquer inutilement la panique… MSF nous explique aussi que « le monde a enfin commencé à se réveiller » lorsque Ebola est devenu une menace pour la sécurité internationale avec la dispersion géographique des cas.
Cela fait déjà un an qu’Ebola sévit en Afrique de l’Ouest est même si le nombre de cas est en baisse, cela ne signifie pas que l’épidémie est sur la fin. Il reste encore beaucoup de travail aux humanitaires. Espérons que la publication du rapport de MSF va mettre l’OMS et la communauté internationale devant leur responsabilité pour que dans un futur proche l’on puisse parler d’Ebola au passé.