Pour mieux comprendre l’effet cocktail, des chercheurs se sont penchés sur l’alimentation de près de 100 000 femmes françaises. Cela a permis d’identifier huit mélanges de contaminants comme le chrome, le zinc, le plomb, le cadmium, le furane…
L’effet cocktail : le mélange dangereux des produits chimiques
Lorsque des produits chimiques sont ajoutés à notre alimentation, on connaît leurs effets nocifs sur la santé. Pour éviter le danger, la loi exige des fabricants de respecter certains dosages à ne pas dépasser. Pourtant, malgré ces précautions, une question demeure, celle de l’effet cocktail.
Ce dernier est induit par le mélange de ces différents produits au sein de notre alimentation. En effet, pour connaître les conséquences dangereuses des contaminants sur la santé, il ne suffit pas d’additionner leurs effets nocifs. Ensemble, un groupe de contaminants peut générer : « une toxicité amplifiée, supérieure à une simple addition de leur effet nocif respectif » comme le rappelle l’Inserm.
83 % des expositions dues à huit contaminants principaux
Francesca Romana Mancini, épidémiologiste (Inserm), et son équipe Exposome et hérédité (institut Gustave Roussy), ont étudié de près cette question. Pour cela, ils ont travaillé sur les résultats de la cohorte E3N. Ils ont collecté les questionnaires alimentaires d’environ 100 000 femmes, nées entre 1925 et 1950, recrutées dans les années 1990. Ils se sont également basés sur le travail de l’Anses. En effet, l’agence a : « décrit précisément la nature et la quantité de plus de 400 contaminants chimiques présents dans plus de 200 aliments de base » comme l’explique la chercheuse.
Ces informations ont permis au groupe de scientifiques de « calculer le niveau moyen d’exposition quotidien à différents composés ». Concernant les participantes de la cohorte E3N, leurs conclusions indiquent que : « 83 % des expositions aux contaminants étaient le fruit de 8 types de mélanges. L’un d’eux représentait même 38 % à lui seul : il s’agit d’une combinaison de minéraux (chrome, zinc, fer…), de contaminants inorganiques (comme le plomb ou le cadmium) et de furane (un composé volatil organique incolore utilisé dans la fabrication de substances chimiques), associée à la consommation d’abats, de légumes non racines et d’œufs ».
Étudier les habitudes de vie
L’équipe a également établi des profils de femmes pour aboutir à des conclusions en lien avec leurs habitudes de vie. Francesca Romana Mancini indique : « Par exemple, les femmes qui sont plus jeunes et actives physiquement, moins souvent fumeuses et qui ont fait plus d’études que la moyenne dans E3N sont les plus exposées à deux mélanges typiquement associés à la consommation de poissons et produits de la mer ». La poursuite de ces recherches devrait donc permettre d’identifier si des événements de santé sont plus fréquents chez certaines de ces femmes en lien avec leurs habitudes de vie.
Les scientifiques souhaitent aussi inclure les données concernant les enfants et petits-enfants de femmes de la cohorte. Ainsi, il sera possible d’avoir une vue d’ensemble impliquant également des hommes.