Une étude du King's College de Londres publiée le jeudi 23 mai souligne le risque accru d'obésité chez les enfants victimes de maltraitance. Elle s'ajoute à de nombreuses études sur le sujet démontrant déjà les risques de troubles mentaux chez cas de maltraitance infantile.
La maltraitance augmente considérablement le risque d'obésité à l'âge adulte chez les enfants victimes de maltraitance, explique le Dr Andrea Danese, principale auteure de l'étude menée par le King's College. Les cas de maltraitance infantile ont 36 % de chances de devenir obèses.
L'analyse s'est appuyée sur les données de 190.285 personnes consolidées à partir de 41 études menées à travers le monde sur la maltraitance infantile sévère. Tous les facteurs portant à confusion ont été écartés, tels que le statut socio-économique du foyer, le tabagisme ou la consommation d’alcool des parents, ou encore la pratique ou non d’une activité physique.
La dépression y est pour quelque chose et devient même un facteur d'accélération du processus. Non pas en tant que conséquence de l'obésité, mais en tant que cause, lorsque cette dépression est elle-même une conséquence de la maltraitance.
De ce fait, l'étude souligne l'importance de la prise en charge de ces enfants. Pour 7 cas traités, 1 cas d'obésité serait évité.
L'impact de la maltraitance sur le cerveau de l'enfant
Une précédente étude menée par l'Université du Texas en 2012 suggérait que la maltraitance atteignait certaines zones sensibles encore en développement du cerveau de l'enfant. Ces modifications de la substance blanche du cerveau entraînent certains troubles comme une sensibilité accrue, ou plus tard des maladies mentales, des troubles du comportement, cognitif et social, et la consommation de drogues.
La nouvelle étude du Kings College met en lumière que les zones touchées du cerveau affectent également l'inhibition de l'alimentation et les hormones liées à l'appétit. Les cas étudiés présentent une dépense de calories réduite par rapport à un enfant sans antécédents. Les premières hypothèses d'explications portent sur le fait que le stress précoce influe le système immunitaire, entraînant sa fatigue et donc son activité réduite.
Une préoccupation sociale croissante
La maltraitance, quelle se présente sous forme de violence physique, psychologique, sexuelle ou de négligence, touche environ 1 enfant de moins de 18 ans sur 5. Près de 80 % des cas ont lieu dans le cadre familial. En France, on compte 98 000 cas connus de maltraitance infantile par an, un chiffre qui a augmenté de 10 % en 10 ans.
Les études menées sont donc d'une importance cruciale dans la recherche de solutions. Hao Huang, chercheur à l'Université du Texas et auteur principal de l'étude de 2012, avait déclaré : «Les mauvais traitements rendent plus vulnérable au trouble dépressif majeur et à la toxicomanie et cette vulnérabilité peut maintenant être identifiée avant même le développement des troubles psychiatriques ».
Avec l'augmentation des cas de maltraitance croît la préoccupation sociale. Début mai, la fondation espagnole Anar a lancé une campagne d'information uniquement visible par les enfants. Grâce à l'imagerie lenticulaire, les adultes ne voient qu'un portrait de garçon normal tandis que les plus petits peuvent apercevoir ce même visage déformé par les ecchymoses. Un système ingénieux permettant d'informer les victimes sans éveiller les soupçons de leurs agresseurs, souvent l'un de leurs proches.