Le Docteur Jacques Ohana, chirurgien plasticien à la tête de la clinique Elysée-Montaigne, a accepté de se confier sur son métier et sur le rôle de la chirurgie esthétique dans la société.
La chirurgie esthétique prend de plus en plus de place dans notre société, et de nombreuses questions se posent. Est-il possible de souffrir d'une addiction à la chirurgie esthétique ? Quelle est la part de responsabilité des patients et des chirurgiens dans les scandales qui secouent la presse ? Le tourisme esthétique est-il dangereux ? Le Docteur spécialiste en chirurgie plastique et esthétique, également directeur de la clinique Montaigne à Paris, Jacques Ohana, répond une nouvelle fois à nos questions et termine ce dossier spécial sur la chirurgie esthétique.
La France est au 9e rang mondial des pays dont les habitants pratiquent le plus la chirurgie esthétique et plastique. Cette dernière se démocratise et femmes et hommes y ont de plus en plus recours. Une évolution en harmonie avec le développement des mentalités et le cours de l'Histoire ? Quel rôle jouent la télévision et les médias dans cet essor ? Le docteur spécialiste en chirurgie plastique et esthétique, directeur de la clinique Montaigne à Paris, Jacques Ohana, répond à nos questions.
Le marché de la chirurgie esthétique ne cesse de progresser en France et dans le monde. Ce mouvement est-il irréversible ?
La demande ne cesse en effet de croitre et il ne s'agit là ni d'un caprice, ni d'un effet de mode passager, mais bien d'un phénomène culturel qui s’inscrit dans une continuité. La préoccupation esthétique est une constante commune à toutes les sociétés connues depuis l'antiquité. La gymnastique et les règles hygiéno-diététiques prônées par les philosophes grecs allaient déjà dans ce sens, unissant dans un même concept la beauté d'un corps sculpté par l'exercice physique et la beauté intérieure acquise par la réflexion. Le développement de la médecine et de la chirurgie esthétique s'inscrit dans cette logique et dans cette continuité, exprimant une même quête à la recherche du renforcement de l'identité individuelle.
C’est donc aussi parce que les techniques ont fait des progrès considérables que la demande ne cesse de croitre et nombreux sont les patients qui cherchent et trouvent dans la chirurgie esthétique la correction efficace et durable qu'ils attendent.
La démocratisation de la chirurgie esthétique s’accompagne notamment par l’apparition d’une clientèle de plus en plus jeune, est-ce un problème selon vous ?
La demande est effectivement grandissante auprès des patients plus jeunes, elle relève d’une forme de démystification. Il s'agit en effet d'une population culturellement différente qui n'a pas connu les mêmes contraintes philosophiques, psychologiques ou religieuses que leurs aînées. À l'heure d'Internet et des réseaux sociaux, à l'heure des séries télévisées et d'une véritable libéralisation des mœurs, l'accès à la chirurgie esthétique se fait pour eux de façon non contrariée. Avoir recours à une lipoaspiration ou à la mise en place de prothèses mammaires ne leur pose pas de problème métaphysique. Lorsqu'ils envisagent une intervention chirurgicale, leur démarche est plus simple. Il faut à mon sens néanmoins se méfier d'une banalisation, rester vigilant quant à la cohérence et à la légitimité d'une demande et informer au maximum, en amont, des possibilités, des limites et des complications éventuelles d'une intervention chirurgicale.
Quelle est l’intervention la plus commune chez les femmes ? Chez les hommes ?
La demande en chirurgie esthétique est majoritairement féminine. En effet, le corps de la femme, davantage que celui de l'homme, est soumis à de nombreux bouleversements. L'intervention la plus fréquente chez la femme concerne évidemment les seins, organe à géométrie variable s'il en est. Souvent jugés trop petits ou manquant de fermeté, ils sont l'objet d'une demande de mise en place de prothèses mammaires. Trop gros, ou tombants, ils justifient une demande d'équilibre et d'harmonie au niveau du corps. Autant il est simple de répondre à cette question pour la femme, surtout concernée par les problèmes de seins ou de cellulite, autant la réponse est plus difficile à préciser pour l'homme dont le corps est mis à moins rude épreuve. Il n’y a ainsi pas de demande particulière qui se dégage chez l'homme, les motifs de consultations sont régulièrement répartis entre la rhinoplastie, des paupières lourdes ou une greffe de cheveux.
Les critères de beauté ont beaucoup évolué au cours de l’Histoire, pensez-vous que le modèle de beauté qui prévaut aujourd’hui soit un jour dépassé ?
Les critères de beauté ont-ils véritablement beaucoup évolué au cours de l'Histoire ? On peut se le demander en fait. Les critères qui prévalaient dans la Grèce antique, dans l'ancienne Égypte, en Inde ou en Afrique, et ceci à la même époque cependant, n'étaient pas du tout les mêmes, témoignant chaque fois d'une société aux préoccupations spécifiques où l'importance culturelle de la beauté s'exprimait bien différemment. Notre société occidentale reste en réalité fortement imprégnée des canons et modèles grecs basés sur le principe d'ordre et d'harmonie et sur les proportions relatives définies entre les éléments constitutifs de chaque être.
Aujourd'hui, un élément nouveau vient modifier des données jusque-là bien établies : parce que les sociétés sont cosmopolites et modernes, parce que l'information circule vite et tout le temps, parce que chacun de chez soi peut désormais avoir accès au monde entier, tous les critères jusqu'ici spécifiques se mélangent, s'unissent et se modifient. La préoccupation contemporaine va dans le sens d'un renforcement de l'identité individuelle, et il ne s'agit plus de se conformer à un canon idéal de beauté tel que les siècles précédents l'ont connu, mais de trouver l'harmonie singulière et juste de son propre corps.
La télévision et ses émissions de relooking et de chirurgie ont-elles un impact sur votre profession et les attentes de la patientèle ?
Les stars mythiques du cinéma sont en effet de plus en plus remplacées par des vedettes de la télévision. Les séries du petit écran, les mannequins et actrices, les étoiles filantes de la télé-réalité avec leur beauté exotique, plantureuse ou androgyne ont en effet un impact, mais qui reste limité à une catégorie de patients bien précise. Pour ma part, j'aurai tendance à évoquer un mécanisme inverse. Loin de « créer » une mode ou une tendance, ces séries et émissions télé ne font que refléter, suivre et exprimer une demande qui existe déjà, et à laquelle elles répondent simplement. La télévision trouve en fait son inspiration dans la réalité qu'elle ne fait que traduire ou caricaturer. On dit d'ailleurs et à juste titre cette fois-ci que la réalité dépasse souvent la fiction.
La suite de l'entretien de Jacques Ohana ici.
excellente analyse!!rnhauteur de vue,pertinence et sensibilté!rnj”adhère comme professionnel à ces remarques modernes et fines!
Jacques Ohana apporte un éclairage subtil au métier actuel du chirurgien esthétique et définit me semble-il avec le basculement de nos sociétés d”une mise en conformité avec un modèle hégémonique vers la recherche d”un équilibre intérieur et extérieur épanouissant pour soi et pas forcément pour les autres.
Il n”y pas mieux que d”avoir l”avis d”un chirurgien. C”est le seul qui peut juger l”ampleur dont la chirurgie esthétique est en train de prendre. rnL”interview a traité les questions les plus fréquentes.
Mon avis sur le Docteur Ohana : merci à lui ! il m”a redonné confiance en moi et m”a permis de retrouver mon corps après une chirurgie ratée. Jacques Ohana n”est pas seulement un chirurgien, c”est un magicien.