Le Figaro et Mediapart ont reçu un courrier de l‘Agence nationale de la sécurité du médicament. Son directeur souhaite les empêcher de citer les noms de leurs agents dans les articles concernant l’essai clinique Biotrial.
Interdiction de citer les noms des agents de l’ANSM
Dominique Martin, directeur général de l‘Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM), vient de faire parvenir un courrier à Mediapart et au Figaro. Il leur reproche la façon dont leurs journalistes ont traité l’affaire de l’essai clinique Biotrial. Ainsi, dans le courrier reçu par les rédactions, le directeur général demande : « de bien vouloir cesser de citer nommément les agents de l’ANSM ». Il souhaite également que les noms figurant dans les articles mis en ligne depuis le mois de janvier soient retirés des sites Internet.
En réponse, les deux médias ont publié un communiqué faisant état des méthodes de l’ANSM. Ils soulignent que Dominique Martin préférerait certainement : « une presse plus complaisante et plus docile ».
L’affaire Biotrial : sous le coup d’une information judiciaire
Rappelons que dans l’affaire de l’essai clinique Biotrial une personne est décédée et que plusieurs autres ont été hospitalisées dans des états plus ou moins graves. Depuis les faits, les journalistes du Figaro et de Mediapart ont enquêté afin de tenir informé le public sur cette affaire, qui fait l’objet d’une information judiciaire pour homicide involontaire et blessures involontaires.
Le Figaro a, d’ailleurs, publié plusieurs fois des informations retentissantes concernant l’essai clinique Biotrial et le rôle de l’ANSM. C’est le cas, par exemple, à l’époque où les bureaux de l’agence ont été perquisitionnés suite à une note dont certaines données, publiées par le journal, pouvaient remettre en question le travail de l’Agence nationale de la sécurité du médicament.
Régulièrement au cours de leurs enquêtes, les journalistes ont été amenés à citer certains noms d’agents de l’ANSM, estimant que ces derniers, travaillant dans une agence nationale, avaient des comptes à rendre aux citoyens. Et c’est là que le bât blesse pour l’ANSM !
Un conflit entre les mains des avocats
Mais Dominique Martin n’est pas le seul à avoir réagi. Ainsi, Mediapart et le Figaro indiquent qu’une fonctionnaire de l’ANSM, citée nommément par les deux médias, a fait envoyer par ses avocats une mise en demeure pour que l’on cesse de citer son nom dans cette affaire.
De leur côté, les journaux indiquent que leurs revendications : « […] ne s’appuient sur le moindre fondement juridique qui imposerait de respecter l’anonymat des agents de la fonction publique et qui justifierait leurs demandes ».
Ils ajoutent enfin que : « Retirer les noms de personnes citées dans des articles déjà publiés, tout comme s’interdire de les nommer à l’avenir, est contraire à notre métier, celui d’informer. Et cela, d’autant plus que ces personnes ont été parties prenantes dans la chaîne de décision qui a conduit à l’accident mortel ».