Selon une récente étude réalisée aux Etats-Unis, la contamination des puits d'eau potable situés à proximité des sites de forage de gaz de schiste est bien réelle. De quoi relancer le débat sur les impacts de cette exploitation sur la santé.
A l'Université Duke (Caroline du Nord), des scientifiques ont analysé l'eau provenant de 141 puits privés qui alimentent les maisons du bassin riche en gisements de schiste du site de Marcellus, au nord-est de la Pennsylvanie et au sud de l'Etat de New-York.
Alors qu'à l'échelle mondiale le gaz de schiste constitue une véritable révolution en matière d'énergie, et cela en particulier en Amérique du Nord, en France l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste sont au coeur de véritables débats. Le schiste suscite une réelle inquiétude de la population française, et pour cause, les conséquences sur la santé ne sont pas négligeables.
Avec des concentrations de méthane six fois supérieures à la moyenne et en éthane 23 fois plus élevé que ce qui est réellement autorisé, l'eau à destination des résidences se trouvant à moins d'un kilomètre des sites de forage ne serait plus aussi potable qu'avant. Le méthane provenant du schiste et découlant dans l'eau dépasse 10 milligrammes par litre d'eau, ce qui est considéré comme étant le maximum autorisé pour les autorités sanitaires américaines et un potentiel danger pour la population.
Des substances toxiques, voir mortelles
D'un point de vue sanitaire, le méthane à faible concentration n'est pas nocif, cependant une concentration élevée de celui-ci est capable de déplacer l'oxygène que contient l'air. Une telle action engendre plusieurs symptômes tels qu'une respiration rapide, une fréquence cardiaque élevée, des maladresses, des sautes d'humeur ou encore de la fatigue. Autant dire de nombreuses conséquences qui ne favorisent en rien le maintien d'une bonne santé.
Le méthane, provoquant une diminution de l'oxygène, peut aboutir sur des vomissements, nausées, pertes de conscience, convulsions, coma et, dans le pire des cas, le décès. Il est à noter que les symptômes s'accentuent durant un effort physique. De plus, le méthane contenu dans l'eau contaminée par le gaz de schiste est susceptible d'endommager le cerveau et le cœur de façon irrémédiable et permanente.
En contact direct avec la peau, le gaz liquéfié peut refroidir voire geler l'épiderme (gelures). Cela peut s'accompagner d'un engourdissement et de raideurs accompagnées d'une coloration de la peau tirée sur le blanc ciré ou jaune. Des cas de cécité existent également.
Comme si la teneur en méthane ne suffisait pas, le propane est également présent dans des échantillons d'eau qui proviennent des habitations situées à moins d'un kilomètre des sites d'extraction de gaz de schiste. Le propane est toxique pour la santé entraînant des picotements, engourdissement ou démangeaison. Plusieurs risques d'infections sont possibles et comprennent également des risques de cécité.
Somnolence, confusion, arythmie… le propane donne finalement lieu à un rythme cardiaque anormal. Bien qu'il ne soit pas connu pour être cancérigène, les conséquences restent dangereuses pour la santé.
La présence de l'éthane en plus du méthane multiplie les conséquences néfastes sur la santé. L'éthane est un asphyxiant qui constitue un danger dans un espace clos, bien qu'il ne puisse pas être absorbé par l'organisme. L'éthane a pour particularité de prendre la place de l'oxygène et entraîner l'asphyxie. Les principaux symptômes sont en général des maux de tête, nausées, vertiges, difficultés respiratoires, ou encore une perte de conscience pouvant entraîner la mort par anoxie.
Attendre le meilleur, se préparer au pire
L'éthane peut provoquer la dépression du système nerveux central (nacrose). Cependant, "Il n'y a aucune source biologique d'éthane et de propane dans la région et le bassin de gaz de schiste de Marcellus est riche en ces deux gaz" souligne le professeur, Robert Jackson, du département des sciences environnementales à l'Université de Duke et l'auteur principal de l'étude précédemment citée. Une nouvelle qui semble rassurer la population de Pennsylvanie dans la mesure où les habitations situées à un kilomètre des sites de forages sont les plus exposées aux dangers potentiels de ces produits toxiques nocifs pour la santé.
Selon le professeur, "Les résultats sur le méthane, l'éthane et le propane ainsi que de nouvelles indications de traces d'isotopes hydrocarbonate et d'hélium nous conduisent à penser que les forages de gaz de schiste ont affecté les sources d'eau potable des habitations", un réel danger pour la population américaine.
Hier, le 26 juin 2013, le rapporteur public du Conseil d”Etat a demandé le renvoi devant le Conseil Constitutionnel d”une question prioritaire de constitutionnalité concernant la loi Jacob qui interdit la technologie de fracturation hydraulique. Ceci fait suite à un recours déposé par un titulaire de permis d”exploration sur le territoire français.rnrnNicolas Imbert, directeur exécutif de de Green Cross France et Territoires, nous fait part de son ressenti: “Nous sommes inquiets des incertitudes soulevés par cette décision et réaffirmons l”importance des principes de prévention, de précaution et pollueur-payeur. Plus que jamais, nos travaux sont d”une actualité brûlante et doivent être partagés pour aider à faire la lumière sur une technique qui génère de nombreux risques et dommages environnementaux, présente plus de risques avérés que de bénéfices potentiels et prend des orientations difficilement compatibles avec une transition énergétique maîtrisée.”rnrnRappelons les travaux tout juste publiés par Green Crossrnrn Enjeux sanitaires, environnementaux et économiques liés à l’exploitation des gaz de schisternEn un peu plus de 100 pages d’analyses et d’illustrations, le rapport que publie Green Cross France et Territoires synthétise un an de travaux sur les enjeux liés aux gaz de schiste (et plus généralement aux hydrocarbures de roche-mère).rnNotre rapport d’enquête-analyse met en exergue les enjeux et les conséquences directement liés à l’extraction des gaz de schiste, en insistant tout particulièrement sur les problématiques sanitaires, environnementales et économiques.rnrngcft.fr/WP/gds/