En trois ans, le nombre de parents achetant des tablettes à leurs enfants n'a cessé d'augmenter. Les ebooks connaissent un large succès, entre autres. Le numérique fait désormais partie intégrante de la vie et de l'éducation des plus jeunes, créant des modifications dans leur cerveau.
Les images, les écrans sont partout. Les tablettes, les smartphones, la télévision, les publicités digitales nous ont envahis. Nous sommes toujours connectés, partout, tout le temps, et cela ne cesse d'évoluer. Le numérique, tentaculaire, n'est pourtant pas sans conséquences. Notamment auprès des enfants, ces bambins à qui sont confiés de plus en plus souvent et de plus en plus tôt des tablettes ou des liseuses Kobo. Si bien que l'on en voit certains essayant d'agrandir les images d'un magasine en faisant glisser leurs doigts sur le papier, sans comprendre pourquoi cela ne fonctionne pas.
Un outil pratique et pédagogique
Les tablettes sont pratiques pour les enfants, il faut l'avouer. Elles permettent d'avoir une multitude de jeux à portée de main, notamment en voyage et en vacances. Fini les énormes boîtes de jeux de société encombrantes, les piles de livres. Tout est concentré dans un écran de onze pouces et quelques centaines de grammes que l'on emporte partout. Pour éviter que les enfants aient à emprunter la tablette de ses parents, des entreprises comme Kobo et Memup se lancent dans les tablettes conçues pour les enfants, spécialement pensées pour résister aux turbulences de la vie d'un bambin.
Il suffit de se pencher sur les chiffres pour avoir une idée du succès grandissant de ces nouvelles pratiques technologiques. Selon une enquête Ipsos, 69 % des parents attendent d'un jouet qu'il ai un côté éducatif pour leur enfant. Les parents sont 84 % à penser que les tablettes et les livres ou jeux numériques vont changer les modes d’apprentissage des enfants. Ils sont 44 % à leur acheter des ebooks. Les ventes de livres numériques jeunesse sont en augmentation de 200 % chaque année depuis trois ans, engrangeant 177 millions de dollars de bénéfices.
Ces tablettes avec un accès vers Internet ont beau être des outils pédagogiques, elles ne sont pas sans danger. Avec seulement 15 % des parents ayant prit la peine d'installer le contrôle parental sur leur tablette, pas étonnant de voir qu'un tiers des enfants se retrouve à surfer le net sans le vouloir, exposé et vulnérable à des contenus pour lesquels ils sont trop jeunes. En mai 2013, ce sont 25 millions de tentatives d'accès à des contenus inappropriés qui ont été enregistrés. Combien concernent des jeunes enfants ?
Changements dans les connexions neuronales
De plus, le numérique a un effet prouvé sur notre cerveau. Celui des enfants étant encore plus malléable, les conséquences sont démultipliées. On constate d'abord un impact sur la mémoire : les étudiants qui auraient besoin d'effectuer une recherche vont immédiatement se tourner vers Google qui assure une réponse rapide. De plus en plus, nous comptons sur cette mémoire externe pour substituer à la nôtre, ce qui peut créer un traitement des informations de manière superficielle par notre mémoire d'après Francis Eustache (Inserm) et des difficultés à sélectionner les informations les plus pertinentes.
La capacité d'attention est également en danger. Pour cause : la lecture fragmentée à laquelle s'habitue notre cerveau en lisant sur internet, le besoin constant de jetter un coup d'oeil à son smartphone. Les jeunes ont donc de plus en plus de mal à lire des textes d'une certaine longueur, ou simplement à se concentrer un long moment.
Mais si l'homme se repose de plus en plus sur la machine, si son cerveau change, tout n'est pas forcément catastrophique. La nouvelle génération connectée, baignant dans le numérique, est plus réactive et créative. Leurs idées sont moins approfondies, mais sont associées entre elles d'une manière complètement nouvelle. Une adaptation en cours de notre matière grise dont les effets se confirmeront dans les années à venir.