Le sujet de l’assistance sexuelle proposée aux personnes handicapées revient régulièrement sur la scène médiatique sans être pour autant tranché. Peut-être parce qu’il ne représente qu’une infime partie des difficiles questions que pose la sexualité de ces personnes, auxquelles notre société ne reconnaît que depuis peu la possibilité d’accéder à une vie sexuelle.
L’assistance sexuelle propose d’apporter aux personnes handicapées qui en font la demande certaines réponses dans les domaines de la sensualité et de la sexualité sans que la limite entre les deux soit bien établie. Elle est prodiguée par des professionnels, formés et supervisés, qui sont rétribués pour leur prestation. Initialement, elle paraissait s’adresser à tous les handicaps ; ses promoteurs* sur ce point sont devenus plus prudents et considèrent aujourd’hui qu’elle concernerait plutôt les personnes handicapées physiques.
Ses plus ardents défenseurs** reconnaissent sans peine qu’elle est une forme de prostitution. D’ailleurs, les pays où cette pratique s’est implantée, très marginalement il faut le dire, admettent la prostitution.
En France, le Comité National d’Ethique a rendu récemment un rapport défavorable à la création du métier d’assistant sexuel, tout en insistant sur la nécessité de mieux informer les personnes handicapées et de leur offrir des conditions environnementales satisfaisantes à leur épanouissement et à la résolution de leurs désirs.
Le Conseil n’a pas voulu créer l’idée d’un droit-créance à la sexualité ; l’accès à celle-ci demeurant le résultat d’une stratégie et de savoir-faire individuels. Sa réserve laisse toutefois dans l’ombre cette réalité insatisfaisante : les personnes handicapées dépendent pour leur sexualité, même lorsqu’elles sont aptes à exprimer clairement leur attente dans ce domaine et à en évaluer les conséquences, du bon vouloir des personnes valides qui exercent à leur égard un pouvoir abusif mal dissimulé sous une volonté affichée de protection. Elles sont victimes du paradoxe social dont l’énoncé les enjoint à bénéficier du droit commun tout en le leur refusant***.
La question de l’assistance sexuelle devrait surtout nous amener à réfléchir au contrôle grandissant qu’exerce la société sur la sexualité de tous.
* VATRE F., AGTHE DISERENS C., 2012, Assistance sexuelle et handicaps ;Au désir des corps, réponses sensuelles et sexuelles avec créativités, Ed. Chronique sociale
** NUSS M., 2012, Je veux faire l'amour ; Handicap, sexualité, liberté, Ed. Autrement
*** Vaginay D., Sexualité et handicap : un défi social, in Le journal des psychologues, n°304, février 2013