Avec l’âge, les hommes subissent également des variations comportementales liées à des modifications hormonales, toutefois à ne pas confondre avec la ménopause…
Vous dites que l’ « andropause » est un mythe ; qu’elle n’existe pas ? !
Effectivement, c’est le terme qui n’est pas adapté. En effet, l’homme n’arrête jamais sa production d’androgènes ; il n’y a donc pas de « pause ». L’expression utilisée de nos jours serait plutôt « déficit androgénique lié à l’âge », ou DALA. Il s’agit de la diminution de la testostérone biodisponible, celle qui construit les caractères de l’homme. Sa diminution provoque fatigue, troubles du sommeil, troubles érectiles ou de la sexualité, diminution de la libido, décalcification et déclin des capacités intellectuelles… Avec l’âge, le nombre de cellules de Leydig (productrices de testostérone) d’environ 700 millions au départ, diminue progressivement, de même que leur capacité à produire l’hormone mâle de 0.5 à 1 % par année à partir de l’âge de 40 ans. Une fois produite, la testostérone est, soit métabolisée en dihydrotestostérone – la forme active, soit en œstrogènes. Avec l’âge, ce rapport diminue en faveur de l’œstradiol.
Quand doit-on suspecter une « andropause » ?
L’ « andropause » est quelquefois difficile à détecter de par le fait que ses symptômes sont similaires à ceux d’une dépression. Il faudra donc doser systématiquement le taux de testostérone sanguin en cas de troubles érectiles survenant autour de 50 ans et, quel que soit l’âge, en cas de troubles du désir ou de baisse de la libido. En cas de symptômes inexpliqués de fatigue, dépression, irritabilité, ainsi que des troubles au niveau de la sphère sexuelle, ne pas hésiter de nouveau à doser la testostérone. Si le taux de testostérone total est inférieur à 200 ng/dl ou 8 mg/l, on doit suspecter alors un hypogonadisme. Il faut savoir également que l’alcoolisme chronique peut perturber le métabolisme de la testostérone en provoquant une augmentation de la production d’œstrogènes et une diminution de testostérone biodisponible. Enfin, il faudra doser la testostérone lors des contrôles de routine de prostate. Toutefois un taux bas de testostérone ne signifie pas automatiquement qu’il y ait « andropause » ; pour suspecter un hypogonadisme et donc envisager une substitution, la diminution de testostérone biodisponible doit être liée à des symptômes, notamment des symptômes liés à la sphère sexuelle, une fatigue générale ou tout autre symptôme gênant la qualité de vie du patient. Il faut mentionner encore les cas d’ « andropause » précoce, beaucoup plus rares chez certains patients avant 40 ans l’hypogonadisme congénital qui représente une entité à part. Enfin, ne pas oublier qu’après un traitement radical pour cancer du testicule uni ou bilatéral on observe un hypogonadisme iatrogène, qu’il faudra bien évidemment substituer.
Quel sont les traitements à disposition ?
La plupart du temps on procédera à une substitution androgénique par voie orale à l’aide de comprimés permettant un dosage initial de 160 mg. L’avantage est de pouvoir titrer et suivre les taux de testostérone en évitant les changements trop brusques de concentration sanguine. L’inconvénient peut être le fait que la testostérone est rapidement métabolisée par un effet de premier passage au niveau du foie. De ce fait, on procédera, par la suite, à des traitements par injections qui peuvent être effectuées toutes les 3 à 4 semaines et, plus récemment, avec de nouveaux produits plus fortement dosés à 3 ou 4 mois. Les gels ou les patchs présentent certains avantages comme une meilleure tolérance, sont plus élégants, permettant d’obtenir un effet beaucoup plus physiologique suivant le rythme circadien de la testostérone. Les contre-indications formelles à la substitution androgénique restent le cancer de la prostate et le cancer du sein, ainsi que certains troubles métaboliques comme un état hypercoagulable ou, bien évidemment, une intolérance aux produits.
Ces traitements sont-ils à risque ?
Les médecins, qu’ils soient généralistes ou spécialistes, ne doivent aucunement avoir peur de la substitution androgénique. Si l’indication est bien posée et les contrindications respectées, un apport de testostérone ne provoquera pas un cancer de prostate de novo. En effet, la plupart des malades présentant un cancer de prostate ont souvent un hypogonadisme avec un taux de testostérone très bas lors de la découverte du cancer ! Il semblerait que ce soit plutôt la baisse des œstrogènes par le biais d’une augmentation du rapport oestradiol/testostérone qui soit délétère et qui puisse représenter un facteur de risque pour ledéveloppement d’un cancer de prostate. Ces données sont corroborées par le fait que les hommes jeunes qui ont un taux de testostérone élevé ne développent jamais un cancer de prostate à l’âge où le taux est maximal ! Il semblerait même que la testostérone ait un effet bénéfique, voire protecteur, puisqu’il s’agit d’une hormone anabolisante. Dans un tout autre registre, le traitement de la maladie d’Alzheimer a connu un certain regain d’intérêt depuis que l’on a observé cliniquement l’amélioration des fonctions cérébrales et cognitives grâce à un apport en testostérone. Les bienfaits de l’imprégnation androgénique au niveau du métabolisme sont donc multiples et variés. Le médecin doit savoir dépister un déficit et ne pas hésiter à substituer un patient qui présente des symptômes cliniques.