La Haute Autorité Sanitaire dénonce la mauvaise utilisation des seuils d’alerte à la consommation d’alcool, dédiés aux professionnels de santé, utilisés actuellement dans le cadre d’une campagne de publicité pour le vin.
Vin : les seuils de consommation utilisés dans une publicité
Vin et Société est une structure qui regroupe 500 000 acteurs du monde viticole. Pour des besoins de promotion, facilités par les nouvelles dispositions de la loi Evin, elle diffuse actuellement une campagne de publicité autour du vin. Pour cela, Vin et Société n’hésite pas à utiliser les repères de consommation établis par la Haute Autorité de Santé.
Ainsi, on peut voir sur les affiches des phrases indiquant des seuils de consommation à ne pas dépasser comme : « 2 verres maximum par jour pour les femmes », « 3 verres maximum par jour pour les hommes », « 4 verres maximum en une seule occasion » ou encore « 0 verre un jour par semaine ».
La structure indique, par ailleurs, sur son site : « Les repères "2.3.4.0" donnent un cadre clair à la notion de modération ainsi qu'une définition de la consommation excessive ».
Pourtant, ce n’est pas l’avis de la Haute Autorité Sanitaire (HAS) qui s’insurge qu’une campagne publicitaire puisse détourner un outil médical à des fins promotionnelles.
La Haute Autorité Sanitaire dénonce une instrumentalisation des chiffres
Si ces chiffres sont bien extraits du Plan National Nutrition Santé, ils n’en sont pas moins mal utilisés et mal interprétés selon la Haute Autorité Sanitaire.
Celle-ci a donc communiqué sur le sujet pour informer le public en expliquant : « La HAS juge que la campagne publicitaire orchestrée par Vin et Société, relayée dans un grand nombre de médias grand public depuis quelques jours, transforme des seuils de consommation à risque nécessitant une prise en charge médicale en « repères » pour une consommation « acceptable » d’alcool ».
En effet, en tant qu’expert dans le domaine de la santé publique, la HAS a publié, en 2014, un outil destiné aux professionnels de santé concernant les seuils de consommation à risque, notamment pour l’alcool. Les chiffres utilisés par Vin et Société sont donc ceux qui requièrent de déclencher une intervention médicale, et non des seuils de consommation normaux.
La HAS renforce ses propos en indiquant : « Il ne s’agit en aucune façon de dire qu’en dessous de ces seuils, la consommation serait normale, recommandée ou exempte de risque ». Il est également rappelé que l’alcool est un produit qui peut amener de très grands désordres familiaux et sociaux.
Enfin, la HAS n’hésite pas à parler d’instrumentalisation des messages professionnels et souhaite vivement mettre en garde le public contre cette campagne publicitaire.