Mi-octobre, Sanofi a investi 300 millions d’euros dans Orano Med, une filiale médicale du groupe Orano spécialisée dans la médecine nucléaire. Cet investissement marque l’intérêt croissant de l’industrie pharmaceutique pour un domaine médical prometteur.
Sanofi a annoncé, mi-octobre, investir 300 millions d’euros dans Orano Med. Dans le cadre de ce partenariat, le géant pharmaceutique français prend une participation de 16 % dans une nouvelle entité regroupant les activités de biotechnologies de la filiale médicale d’Orano. Les deux entreprises souhaitent créer un champion français de la médecine nucléaire, un domaine qui suscite l’intérêt croissant de l’industrie pharmaceutique.
La médecine nucléaire née au début du 20ème siècle
La médecine nucléaire est une discipline médicale utilisant des composants radioactifs pour détruire les cellules cancéreuses. Elle est née au début du 20ème siècle, sous l’impulsion du couple de scientifiques français Pierre et Marie Curie. En 1901, ces chercheurs ont utilisé pour la première fois du radium, un nouvel élément chimique isolé trois ans plus tôt avec le polonium, pour traiter des patients atteints de lésions cutanées.
Marie Curie soignait les blessés de la Première guerre mondiale aux rayons X
Lors de la Première guerre mondiale, Marie Curie, devenue veuve, porte secours aux blessés en exploitant de nouvelles technologies : les radios et les rayons X, qui permettront de détecter des éléments étrangers dans le corps. La production de radio-isotopes se développera ensuite aux Etats-Unis après la seconde guerre mondiale, avec notamment la découverte du technétium-99. Aujourd’hui, la médecine nucléaire permet de réaliser des diagnostics toujours plus précis par les scintigraphies ou les tomographies.
La médecine nucléaire franchit un nouveau cap avec le partenariat entre Sanofi et Orano Med
Depuis plus de cinquante ans, la médecine nucléaire fait son petit chemin. Avec le partenariat entre Sanofi et Orano Med, elle franchit un nouveau cap. Ce rapprochement est le dernier exemple en date du bouillonnement observé dans ce secteur. Ces dernières années, des géants pharmaceutiques comme AstraZeneca et Novartis ont pris le contrôle de biotechs spécialisées dans les radiothérapies ciblées.
Orano Med a mis au point un procédé unique d’extraction et de purification du plomb-212
Créé en 2009, le groupe Orano Med développe une nouvelle génération de radiothérapies ciblées contre le cancer : les radioligands. Ces composants radioactifs comprennent une charge radioactive, lâchée dans l’organisme pour détruire directement les cellules cancéreuses. Ils reposent sur un procédé unique d’extraction et de purification du plomb-212, un isotope radioactif rare utilisé en alphathérapie ciblée. Cette forme innovante de radiothérapie contre le cancer réduit l’infection des cellules saines.
La médecine nucléaire et les émetteurs alpha
Jusqu’à présent, les isotopes utilisés pour les médicaments anti-cancéreux sont principalement des émetteurs béta (β), très peu précis et efficaces. Les émetteurs alpha, eux, diffusent une énergie beaucoup plus importante dans un rayon d’action beaucoup plus faible. Les radioligands ont font partie. Ceux-ci pourraient améliorer le traitement de certaines pathologies tout en limitant les effets secondaires. Ils comprennent une molécule capable d’identifier des marqueurs typiques d’une cellule cancéreuse et, donc, de servir de « vecteur » pour emmener directement l’élément radioactif vers sa cible.
Des essais de grande ampleur nécessaires pour éprouver les thérapies alpha
Si elle est prometteuse dans la lutte contre les cancers, la médecine nucléaire n’est-elle pas aussi dangereuse pour l’homme? Cette méthode ne présenterait pas de risque particulier car les doses et le temps d’exposition aux radionucléides sont faibles. Elle s’accompagne néanmoins d’effets secondaires potentiels. Parmi lesquels la rougeur de la peau, l’œdème, les douleurs, les raideurs articulaires, la difficulté à avaler et les troubles cardiaques. Le développement de l’alphathérapie se poursuit pour apporter des améliorations . Il faudra encore soumettre les thérapies alpha à des essais de grande ampleur. Et c’est ce qu’Orano s’apprête à faire.