Surveillée et réglementée, la qualité de l’air extérieur est au centre de toutes les attentions depuis plusieurs années, au point d’en avoir fait oublier l’air intérieur, pourtant tout aussi problématique. Plus pollué qu’à l’extérieur, ce dernier peut avoir des conséquences sur la santé des enfants et des salariés particulièrement, souvent confrontés à une qualité de l’air intérieur médiocre sur leurs lieux de travail ou écoles.
Nous passons plus de 80% de notre temps dans des espaces clos. Pourtant l’air extérieur fait l’objet de toutes les études et de tous les contrôles tandis que son homologue intérieur se retrouve particulièrement pollué, « dix à vingt fois plus que l’air extérieur » selon Thomas Kerting, fondateur d’Aircology. Une problématique d’autant plus importante que dans les écoles ou les bureaux, aucun contrôle de l’air n’est obligatoire et les allergies sont de plus en plus fréquentes, chez les enfants comme chez de nombreux salariés.
Aujourd’hui, plus de 3 personnes sur 10 nées après les années 80 dans un pays industrialisés sont cliniquement allergiques. Le nombre de personnes allergiques a augmenté de plus de 50% entre 1980 et 2000. Rien qu’en France, 6% des filles et 10% des garçons sont sujets à l’asthme, la principale cause d’absentéisme à l’école. Mis en perspective avec les nombreuses études selon lesquelles les quantités de CO2 dans les salles de classe seraient liées au développement de l’asthme chez l’enfant, ces chiffres donnent à réfléchir.
Ce sujet n’est pourtant pas au centre des attentions gouvernementales et devrait y prendre une place plus importante. Le plan national santé 3 (PNSE 3) devrait être bientôt promulgué et, alors même qu’il est censé traiter toutes les problématiques liées à la santé et à l’environnement, il n’intègre pas totalement les problématiques liées à la qualité de l’air intérieur.
Ces enjeux commencent cependant à faire leur petit bonhomme de chemin dans la conscience collective. Les colloques et évènements à ce sujet se multiplient. Les 25 et 26 septembre dernier, la conférence internationale Atmos’fair est revenue sur les grands épisodes de l’histoire de la pollution de l’air en s’arrêtant sur les enjeux de la qualité de l’air intérieur. Le 8 novembre prochain, la 9ème édition des Respirations, événement pionnier en France, se concentrera sur les outils mis à la disposition de chacun pour respirer un air sain et sans produit chimique. Une dizaine de jours plus tard, à La Rochelle, le colloque « Qualité de l’air intérieur des bâtiments : causes, effets, prévention et gestion » examinera l’impact sanitaire des polluants de l’air intérieur et leur gestion.
Autant d’évènements faits pour rappeler à tous que l’air que nous respirons est notre source de vie la plus précieuse et que la pollution ne s’arrête pas à la porte de nos maisons, écoles et bureaux.
Rien de fatal cependant, tant qu’on s’y prend à temps et avec les armes adéquates. Les produits chimiques sont par exemple particulièrement déconseillés. Il est possible désormais de dépolluer un intérieur avec un circuit d’air adapté, voire parfois en aérant simplement fréquemment une pièce. Reste que très peu de contrôles sont effectués dans les lieux publics, voire aucun. Un oubli du gouvernement aux conséquences probables sur la santé de tout un chacun.