Lors de la dernière édition de SantExpo, le salon des professionnels de santé, une table ronde instructive a réuni des directeurs d’hôpitaux, des médecins et Philippe Wahl, le PDG du groupe La Poste autour des enjeux de santé en territoires. Les problématiques de prévention, de décloisonnement des compétences et des nouveaux usages numériques étaient au cœur des réflexions de cette réunion où le maître-mot a été la coordination, entre les acteurs traditionnels de la santé et de nouveaux intervenants de proximité comme La Poste.
Le groupe La Poste apporte depuis 2015 sa contribution à la problématique de la santé à domicile. L’idée n’est pas saugrenue : dans de nombreux territoires, particulièrement les lieux les plus isolés et ruraux du pays, le réseau postal est parfois le seul acteur à posséder un ancrage permettant un contact avec les populations, notamment les plus fragiles.
Si on cherche à anticiper les conséquences à venir du vieillissement de la population française, on peut tout à fait imaginer le rôle capital que pourraient être amenés à jouer les facteurs, qui assurent déjà des services de proximité 6 jours sur 7, dans les actions de prévention à domicile, alors que le soin en ambulatoire devient la norme et que la désertification médicale frappe durement de nombreuses régions.
Ce fut précisément la teneur des discussions tenues à SantExpo, où ont échangé notamment Philippe El Saïr, directeur général du CHU de Nantes, Raymond Le Moign, directeur général des Hospices Civils de Lyon, et le professeur Fabrice Barlesi, de l’Institut Gustave Roussy.
Tous ont mis l’accent sur l’importance d’un traitement territorialisé et décloisonné, ainsi qu’une approche de « l’aller-vers » qui bouscule quelque peu les habitudes du secteur. L’objectif est d’arriver à une prévention et à un suivi personnalisé en optimisant l’identification des risques pour les patients.
Les postières et les postiers pourraient disposer d’une place essentielle dans cette nouvelle doctrine qui se dessine, notamment parce que les facteurs, acteurs de proximité par nature, sont dans une position idéale pour collecter les informations, les transmettre aux soignants et effectuer un quadrillage du territoire en matière de prévention.
Coordination grâce à l’accompagnement virtuel des patients
Mais ce n’est pas le seul atout que le groupe postal a dans sa poche pour améliorer l’accès aux soins, puisqu’aux côtés d’autres acteurs du secteur, plusieurs de ses applications ont été sélectionnées pour intégrer l’espace santé numérique lancé en début d’année par le ministère de la Santé sous le nom de « Mon espace Santé ».
Parmi celles-ci, la plateforme « Mes médicaments et moi » qui permet de confier à la Poste la livraison de médicaments pour les patients chroniques ou sortis de l’hôpital et ayant des difficultés de déplacement ou d’accès à une pharmacie.
Le principe de ce nouveau carnet de santé numérique est de permettre la centralisation et la sécurisation des données de santé afin de permettre aux patients de transmettre simplement et rapidement les documents utiles à sa situation ou à son traitement aux médecins (à l’hôpital ou en ville) pour une prise en charge efficace et personnalisée.
L’usage et l’extension de ce type de solution peuvent contribuer à résoudre les problèmes présents et à venir. On peut en effet aisément comprendre comment un suivi intégral sur la même plateforme des antécédents, des traitements et de l’état de santé, peut, en coordination avec le maillage territorial de la Poste, fournir une réponse au manque d’accès aux soins.
Reste qu’il faut un changement de culture pour que tous les acteurs de la chaîne de santé harmonisent leurs pratiques dans l’intérêt des patients.