Les premiers résultats de l’enquête lancée pour vérifier si oui ou non le médicament Furosémide 40mg vendu par Teva contient du somnifère Zopiclone à l’air de prendre le chemin du démenti. Une bonne nouvelle, qui ne doit pas remettre en cause le rôle fondamental des lanceurs d’alerte, piliers du système de vigilance européen et français.
Le branle-bas de combat provoqué par un pharmacien de Saint-Malo et sa préparatrice qui avaient lancé une alerte en disant avoir trouvé un somnifère Zopiclone dans une plaquette de diurétique Furosémide 40mg est en voie d’apaisement. Une enquête préliminaire a été lancée par parquet de Paris. Elle avance lentement – les vérifications sont fastidieuses – mais sûrement. Pour le moment, rien ne laisse penser que le furosémide 40 mg de Teva contient effectivement du somnifère Zopiclone.
Les analyses chimiques du blister, coque de plastique résistante et transparente pour le conditionnement des comprimés, utilisée issu de la boîte de Furosémide 40 mg signalée n’ont rien révélé. Les 7167 boîtes (215 010 comprimés) passées au peigne fin par le laboratoire devant huissiers ne contenaient aucune trace de Furosémide non plus.
Beaucoup de bruit et de fureur pour rien diront certains. Une observation gratuite et inutile. C’est la force du circuit de contrôle et de distribution du médicament en France que de prêter attention aux les lanceurs d’alerte et d’avoir à disposition un arsenal de dispositifs afin de réagir dans les plus brefs délais. Le cadre réglementaire européen, appliqué à l’échelle nationale par l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), est une référence à l’international.
Les lanceurs d’alerte sont en effet des garde-fous fondamentaux permettant d’exercer au mieux la vigilance sanitaire nécessaire à la qualité des médicaments. Ils possèdent un vrai pouvoir dont il ne faut néanmoins pas qu’ils abusent, car il pourrait bien s’émousser. A force de crier au loup, les lanceurs d’alerte risquent en effet de perdre en légitimité et de ne plus jouer leur rôle.
Le président du Leem Hervé Gisserot s’est d’ailleurs exprimé à ce sujet lors d’un interview donné dans le cadre de l’Observatoire sociétal du médicament réalisé avec l’institut de sondage Ispos « Pour un certain nombre de lanceurs d’alerte, il est aussi essentiel qu’ils comprennent qu’ils ont un rôle très utile, mais comme le français est à l’écoute, ils ont aussi à l’égard du français de ne pas se substituer à tous les experts, aux autorités sanitaires de manière à ne pas faire primer la polémique sur la qualité du débat ».
Les Français peuvent se rassurer. Après la série de scandales (Mediator, prothèses PIP, Diane 35) qui a sérieusement entamé la confiance des Français, L’ANSM prend sa mission de vigilance sanitaire très au sérieux. Son rôle a été renforcé par le législateur en 2012 et l’agence est maintenant tenue à la transparence la plus totale. Une nécessité alors même que la multiplication des acteurs intervenant aux différentes étapes de la fabrication du médicament rend sans cesse plus complexe les processus de vérification de la qualité.