Selon un ensemble de 17 articles publiés le 20 avril dans un supplément de l’American Journal of Tropical Medicine and Hygiene un nouveau fléau s’abat sur le monde du médicament. Des médicaments de mauvaise qualité mettraient en danger des décennies de progrès contre le VIH, la tuberculose et le paludisme.
Un commerce de 75 milliards de dollars
Après le scandale des faux médicaments ne contenant pas les substances pharmacologiques, une activité criminelle qui rapporterait 75 milliards de dollars par an, le monde du médicament est à nouveau secoué par des révélations qui font froid dans le dos. Ces médicaments de mauvaise qualité dénoncés dans le supplément de de l’American Journal of Tropical Medicine and Hygiene seraient notamment très répandu en Afrique.
Sur les 17 000 échantillons testés au cours de 17 études, les chercheurs américains ont trouvés jusqu’à 41% de produits non conformes aux normes en vigueur. Les conséquences engendrées par la prise de ces médicaments peuvent d’ailleurs être dramatiques. Un des 17 études porte sur un faux médicament antipaludéen et un autre de mauvaise qualité. Selon les experts, ces deux médicaments sont à l’origine de la mort de 122 350 enfants africains de moins de cinq ans en 2013 sachant que, selon l’OMS, il y a eu 453 000 décès dû au paludisme en 2013 dans cette même tranche d’âge.
Le besoin d’un cadre légal
Le plus gros problème est que la lutte contre les médicaments de mauvaise qualité pâtit de financements insuffisants pour renforcer les capacités de contrôle et de détections des instances de régulation du médicament. En effet, ces trafics de médicaments de mauvaise qualité sont connus et dénoncés depuis des années mais ils prospèrent car il n’existe pas de vrais cadre international.
« Aujourd’hui, le marché global des médicaments rend difficile de discerner les productions nationales et étrangères ce qui montre le besoin d’un mécanisme mondial de contrôle de qualité des produits pharmaceutiques pour empêcher des maladies d’être traitées avec des médicaments falsifiés » a déclaré Margaret Hamburg, l’ancienne directrice de l’agence américaine du médicament.
Ce commerce criminel de médicaments falsifiés est très répandu dans les pays pauvres car ce sont ceux ou les systèmes de réglementation sont les plus faibles, voire inexistants. Jusqu’ici les trafiquants ont conservé une bonne longueur d’avance dans ces pays, d’autant plus que la vente sur Internet a encore élargi la taille de ce commerce et ses possibilités de diffusions.
Néanmoins, il ne faut pas rester fataliste. Quatre études montrent des résultats encourageants concernant les technologies permettant de tester la qualité des médicaments. Des techniques assez simples et peu couteuses ont permis d’appréhender plus facilement le problème majeur de la circulation de médicaments de mauvaise qualité. Il reste maintenant à mettre en place un cadre international commun.