La pratique est légale et courante : les laboratoires pharmaceutiques ont l'autorisation d'effectuer une remise aux officines afin d'aider à l'essor des médicaments génériques. Mais cette pratique pourrait entraîner des dérives et une mesure du budget de la Sécurité Sociale pour 2014 veut que toutes les remises soient connues et enregistrées.
Plus d'un milliard d'euros par an de gains
La réduction dont peuvent bénéficier les pharmacies est conséquente : un maximum de 17% du prix de la boîte. Une réduction qui incite les pharmaciens à donner au patient le médicament générique au lieu du médicament princeps. Mais c'est aussi une aubaine pour les officines qui toucheraient ainsi 475 millions d'euros par an.
Si elle est légale, pour la DGCCRF cette pratique reste obscure et, notamment, elle est parfois accompagnée de remises déguisées. Des « contrats de coopération commerciale » qui tentent de contourner ce maximum légal. Pour un gain encore plus important estimé à 600 millions d'euros par an.
La réforme ne plaît pas aux pharmaciens
La loi ne prévoit pas de supprimer cette pratique mais bien de la rendre plus transparente. Elle demande donc aux laboratoires pharmaceutiques de déclarer l'ensemble des remises accordées aux pharmaciens sous peine d'amende. Ainsi, le prix des génériques pourra être adapté par le Comité économique des produits de santé ce qui pourrait représenter entre 15 et 40 millions d'euros par an d'économies pour la Sécurité sociale.
Mais les pharmaciens se sont soulevés pour protester. Ils estiment que le risque de perdre ces revenus est grand et qu'en réalité les pharmacies n'ont rien à cacher. « toutes les remises apparaissent clairement dans notre comptabilité » s'écrie Philippe Gaertner, président du syndicat PSPF.
De plus, les contrats de coopération commerciale, qui pourraient être remis en cause par les laboratoire pharmaceutiques, représentent 36 000 euros par an et par officine. Un gain nécessaire à la survie de près de 6 000 d'entre elles.
Les pharmaciens demandent au ministère de la santé de les recevoir au plus vite et, pour faire pression, ils ont suspendu la négociation sur la rémunération des pharmaciens en cours actuellement avec l'Assurance maladie.